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INTRODUCTION

Le projet de Parc éolien de la Sensée sur les communes de Dury, Etaing et Récourt, comprenant l’implantation de 6 éoliennes de 150 mètres de hauteur (2 éoliennes pour chaque commune), a été initié il y a plus de 8 ans (2013) par ENGIE GREEN (anciennement MAIA Eolis).

 

Nous avons créé le collectif ASPECT Val de Sensée (Association pour la sauvegarde du patrimoine, de l'environnement, du cadre de vie et des territoires en Val de Sensée) pour informer et mobiliser la population, suite au fait que les habitants des trois communes concernées n’ont pas été consultés en amont des décisions prises par les conseils municipaux en faveur de l’implantation du parc éolien, et en raison des impacts possibles sur les communes environnantes.

 

Tout comme la plupart de nos concitoyens, nous sommes évidemment conscients de l’extrême urgence climatique, de la nécessité de recourir aux énergies renouvelables, et des impacts potentiels de l’énergie nucléaire sur l’environnement (démantèlement des centrales, gestion des déchets radioactifs), mais nous sommes convaincus que l’éolien industriel n’est pas la meilleure des solutions en raison des impacts possibles sur l’environnement et la santé,  des préjudices financiers subis par les riverains, de l’héritage incertain laissé aux générations futures (coût du démantèlement), et des aides publiques considérables pour un gain écologique de plus en plus contesté. Hors nucléaire, d’autres sources d’énergie verte sont plus efficaces d’un point de vue environnemental, technique et économique pour produire de l’électricité (photovoltaïque sur toitures, hydraulique, éolien offshore flottant), ou de la chaleur (biogaz, déchets, géothermie) :

 

La Mission Régionale d’Autorité Environnementale (MRAe) de la région Hauts-de-France a rendu son avis consultatif le 14 août 2020 dans un rapport détaillé qui souligne les impacts négatifs pour l’environnement et le cadre de vie :

  • Impacts paysagers importants sur le cadre de vie et les communes environnantes ainsi que sur les monuments historiques, notamment le menhir « la Pierre du diable » situé sur la commune de Lécluse et le cromlech « les Bonnettes » situé sur la commune de Sailly-en-Ostrevent.

  • Le projet éolien est en contradiction avec l’accord Eurobats et compromet les axes de déplacement locaux pour les oiseaux et les chauves-souris.

  • Le projet éolien occupe un espace de respiration encore préservé, au plus près de zones naturelles.

La MRAe relève de nombreuses irrégularités dans le dossier, notamment que les niveaux de sensibilité et d’impact du parc éolien sont sous-évalués sur les villages, les monuments historiques et la faune, et conseille de « rechercher une solution alternative à la zone d’implantation retenue (autre localisation) ».

Dans sa réponse du 18 décembre 2020 à l’avis de la MRAe, en résumé le bureau d’étude BIOTOPE mandaté par ENGIE GREEN se contente d’affirmer que la meilleure solution a été retenue et que les mesures déjà proposées sont suffisantes…

 

C’est à la lecture du rapport de la MRAe et des réponses du bureau d’étude BIOTOPE que nous avons décidé de mener une étude approfondie du dossier de demande d’autorisation présenté par ENGIE Green. Nous avons tout d’abord effectué une analyse des volets paysagers et écologiques du projet qui a permis de corroborer l’avis de la MRAe et de mettre en évidence les impacts négatifs sur les paysages, le cadre de vie, le patrimoine et l’environnement écologique de ce parc éolien qui serait implanté au cœur d’un environnement naturel et pittoresque encore préservé, à 500 m de la vallée de la Sensée, en vue directe des villages alentours, des axes routiers, des cimetières militaires et municipaux, du menhir « La pierre du diable » de Lécluse et du cromlech « Les sept bonnettes » de Sailly-en-Ostrevent (classés monuments historiques).

Nous avons ensuite analysé les volets acoustique, géologique et hydrogéologique, puis enfin les aspects relatifs à la communication entre le promoteur, les conseils municipaux et la population. Là encore, nous avons relevé que l’étude acoustique était incomplète et non-conforme aux normes règlementaires, que l’étude des risques naturels et des accidents méritait au minimum des mesures complémentaires, et que la campagne de communication organisée par ENGIE Green auprès de la population se caractérisait par une absence de consultation en amont et une désinformation en aval…

Nous avons enfin étudié les arguments des opposants à l’éolien industriel terrestre, particulièrement abondants sur la toile, en prenant soin de ne retenir que ceux qui nous semblaient suffisamment argumentés et reposant sur des sources scientifiquement solides.

 

L’analyse repose sur une méthodologie comparative qui a consisté à confronter en détail les études d’impact à différentes sources officielles, objectives et non-partisanes :

  • Avis de la MRAe des Hauts-de-France sur le projet de parc éolien de la Sensée,

  • Guides et documents de cadrage actualisés sur les impacts des parcs éoliens terrestres (DREAL, Ministère de la transition écologique),

  • Sites ministériels et régionaux (Transition écologique, DREAL, UDAP, CRMH, SRA, …),

  • Schéma régional éolien Nord-Pas de Calais 2012,

  • Législation française : code de l’urbanisme et code de l’environnement, arrêtés ministériels,

  • Rapport de l’Agence nationale pour la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES),

  • Rapport de l’Académie nationale de médecine,

  • Inventaire national du patrimoine naturel (INPN), site Géorisques.gouv.fr, site Geo-ide risques, site du BRGM,

  • Ouvrage Paysages des belvédères d’Artois et des vallées de la Scarpe et de Sensée, …

 

Au fil de ce travail et après de longues recherches, nous avons acquis la certitude que la localisation de ce projet était injustifiée à bien des égards, et qu’il allait à l’encontre des préconisations émises par les services publics en charge de l’instruction et du suivi des projets éoliens sur le territoire national et dans la région Hauts de France.

I. COHÉRENCE GLOBALE DANS LE CADRE DU SCHÉMA RÉGIONAL ÉOLIEN

Incohérence du projet :

 

Selon le bureau d’étude Biotope (étude paysagère p 47), le projet est entièrement compris en zone éligible, comme l’indique le Schéma régional du climat, de l’air et de l’énergie (SRCAE) approuvé en 2012 dans son annexe SRE. Cependant :

  • Le SRE Nord-Pas de Calais 2012  a été annulé pour défaut d’évaluation environnementale par jugement du tribunal administratif de Lille du 16 avril 2016, et le Conseil d'Etat a rejeté le pourvoi de la ministre de l'Environnement dans plusieurs décisions rendues le 18 décembre 2017. Le SRE n’en reste pas moins que le SRE reste un document d’orientation, même s’il n’a pas de caractère opposable.

  • Ce même SRE NPDC 2012, sur lequel le bureau d’étude Biotope fonde son argumentation, constate que le pôle I du secteur de l’Artois s’est développé de façon désordonnée avec un matériel hétérogène, ce qui reste très peu propice à un confortement, qu’il existe des secteurs très contraints, dont les paysages sanctuarisés de la vallée de la Sensée, et que des respirations paysagères conséquentes devront être aménagées.

  • Le bureau d’étude Biotope reconnaît en outre que l’existence de ce pôle constitue une contrainte, et que le projet doit à la fois s’inscrire dans la continuité du pôle tout en s’attachant à ne pas accentuer les incohérences existantes au sein du pôle.

  • Malgré ces incohérences déjà constatées en 2012 :

- Selon l’étude paysagère pages 48, 67, 73 (et suivantes) : 5 nouveaux projets de parcs éoliens composés de 56 éoliennes sont aujourd’hui autorisés ou en instruction à l’extrémité du pôle I et à moins de 10 km du projet de la Sensée (aire d’étude rapprochée) : Les crêtes (7,5 km), La voie des prêtres (7 km), La crémière (5,6 km), L’arbre chaud (7 km), La voie de Cambrai (9 km).

- Selon l’étude d’impact environnementale pages 32, 127, 241 (et suivantes) : 72 éoliennes réalisées, 68 éoliennes en instruction et 43 éoliennes autorisées, au total 183 éoliennes dans un rayon de 20 km autour du site !

Soit une bonne centaine d’éoliennes à moins de 10 km et 183 éoliennes à moins de 20 km du projet, dont beaucoup sont ou seront visibles à l’horizon de l’autre côté de la départementale D939 Arras-Cambrai !

  • De plus, l’inventaire et les cartes du contexte éolien ne sont pas à jour dans les études d’impact :

- Le parc des Quintefeuilles est maintenant autorisé :  11 machines entre Haucourt et Cagnicourt devant les 18 actuelles, et beaucoup plus hautes (180 m) !

- Certains parcs sont maintenant construits et en fonction : La Crémière, l’Arbre chaud, et d’autres à Inchy.

En conséquence, ces parcs ne sont pas pris en compte dans l’évaluation des sensibilités vis-à-vis du contexte éolien (voir par exemple l’étude d’impact environnementale page 180 : « le projet des Quintefeuilles n'ayant pas reçu l'avis de l'autorité environnementale il n'a pas été pris en compte dans l'évaluation des sensibilités vis à vis du contexte éolien »). Cela signifie que l’évaluation des sensibilités vis-à-vis du contexte éolien est caduque puisqu’elle repose sur un inventaire obsolète de l’état actuel des projets…

D’autre part, la DREAL Hauts de France a publié en juillet 2019 une étude sur la saturation visuelle liée à l’implantation de projets éoliens. Voici ce que dit l’étude concernant la cohérence d’un projet éolien : « Plusieurs avis de Paysagistes Conseils d’Etat évoquent le constat que les effets cumulés d’un projet éolien et des parcs existants environnants, dépendent beaucoup de l’articulation entre les parcs. Si le nouveau projet s’inscrit en continuité avec les autres parcs existants, l’impact du projet est réduit ; si le nouveau projet est en rupture avec les autres parcs existants, l’impact du projet peut faire apparaître un risque de mitage, voire une disparition des espaces de respiration, ou encore un risque de saturation visuelle. » (page 12)

L’étude de la DREAL détaille les grands secteurs de respiration à l’échelle régionale, et cite le secteur Autour de Cambrai (59 - 62) : « Cette zone comprend la vallée de la Sensée au nord et la vallée de l’Escaut » (page 18).

 

Quant au bureau d’étude Biotope, il reconnaît que « la vallée de la Sensée constitue un paysage reconnu localement et apprécié dont les ambiances contrastent avec celles des plateaux et qui concentre habitat, patrimoine, activités de loisirs et touristiques ». (étude paysagère page 50)

La MRAe souligne le manque de cohérence du projet éolien de la Sensée dans la synthèse de son avis : « Le projet éolien s’éloigne des autres parcs en occupant un espace de respiration encore préservé. Cet éloignement conduisant le projet de parc à s’installer au plus près de zones naturelles, compromet les axes de déplacement locaux pour les oiseaux et les chauves-souris entre différentes zones naturelles ».

Saturation visuelle et mitage du territoire :

 

Dans son étude sur la saturation visuelle, la DREAL rappelle que le code de l’urbanisme et le code de l’environnement disposent d’articles qui permettent de fonder juridiquement un refus de permis de construire ou d’autorisation environnementale pour un motif tiré de l’atteinte au paysage, et précise la jurisprudence et les critères retenus par les juges pour fonder un refus d’autorisation de parc éolien.

 

  • Concernant le risque de saturation :

Le terme de saturation visuelle appliqué à l’éolien indique que l’on a atteint le degré au-delà duquel la présence de l’éolien dans ce paysage s’impose dans tous les champs de vision. L’impression de saturation visuelle peut être évaluée depuis le point de vue du voyageur traversant le secteur ou depuis celui des habitants d’un village. L’enjeu est de préserver le "grand paysage", notamment la qualité et la diversité des paysages qui composent le territoire. (page 7)

  • Concernant le risque de mitage :

« Pour éviter ou limiter la saturation visuelle, il ne s’agit pas de réduire la concentration d’éoliennes en dispersant sur l’ensemble du territoire des "petits" parcs éoliens. En effet, le phénomène de saturation visuelle est à étudier de manière indissociable avec l’enjeu de mitage de l’occupation éolienne, c’est-à-dire la dispersion des parcs éoliens sur l’ensemble du territoire, induisant ainsi la disparition progressive de zones vierges et la banalisation des paysages ». (page 11)

  • Jurisprudence (pages 12 à 15) :

- La saturation peut être un motif fondant un refus, même si le paysage ne présente pas d'intérêt particulier, la notion de "cadre de vie" étant alors prise en compte.

- Le critère déclencheur est le nombre important de parcs éoliens autorisés/existants dans un périmètre rapproché du projet (10 km), la situation et l’orientation de ces parcs par rapport au projet ainsi que l’existence de covisibilités entre eux.

- L’impact visuel est ensuite recherché, notamment s’il y a effet d’encerclement, atteinte à un village, un paysage ou un monument présentant un intérêt particulier, à des paysages emblématiques ou naturels non dépourvus d’intérêt même si non protégés au titre des paysages sensibles ou très sensibles, comprenant les paysages de « petites vallées », de « petite échelle », et à faible dénivelé, sensibles au risque de rupture d’échelle, d’écrasement, de surplomb par les éléments de très grande hauteur.

- La circonstance que le projet ne soit pas cohérent avec l’implantation des parcs existants/autorisés est un critère qui vient s’ajouter et aggraver les effets de saturation visuelle.

 

Pour ce qui concerne le projet de Parc éolien de la Sensée, eu égard ces critères jurisprudentiels il semblerait donc que les impacts soient triples :

  • Saturation visuelle par extension du pôle Artois : nombre important de parcs éoliens autorisés/existants dans un périmètre rapproché du projet (10 km) en covisibilité avec le projet, atteinte au grand paysage de la vallée de la Sensée du point de vue du voyageur (autoroute A26, D939 Arras-Cambrai, D956 Douai-Bapaume).

  • Incohérence du projet en rupture avec les autres parcs existants ou en projet, qui peut entraîner un risque de mitage et la disparition d’un espace de respiration.

  • Mitage du territoire : atteinte à des villages (nombreuses communes impactées), à des espaces naturels (vallée de la Sensée, bois de Récourt, ZPPAUP d’Hamel), à des chemins de randonnée, à des cimetières militaires et municipaux, à des monuments historiques (menhir la Pierre du diable à Lécluse, cromlech les Bonnettes à Sailly-en-Ostrevent), à un paysage de petites vallées, de petite échelle et à faible dénivelé, sensible au risque de rupture d’échelle, d’écrasement ou de surplomb.

 

Afin d’estimer les risques de saturation visuelle, le bureau d’études a effectué des études d’encerclement autour des bourgs d’Éterpigny, de Dury et de Villers-lès-Cagnicourt. Voici sa conclusion (étude paysagère page 76) :

Les effets d’encerclements induit par le nouveau projet de la Sensée concerneront principalement les bourgs situés entre le parc éolien de la plaine d’Artois et le projet. Ce dernier vient rompre un large espace de respiration initialement présent pour ces bourgs. Néanmoins cet effet d’encerclement n’est pas total et l’espace de respiration entre ces deux parcs reste très satisfaisant. L’effet sera modéré pour Villers-lès-Cagnicourt, faible pour Éterpigny et faible à modéré pour Dury.

 

Cependant :

- Les diagrammes cartographiques peuvent identifier des "risques" de saturation visuelle qui doivent  être confirmés (ou pas) par d’autres documents comme des photomontages et des coupes topographiques, notamment sur des secteurs non plats (page 11).

Or, aucun photomontage ni aucune coupe topographique ne vient étayer l’analyse de ces risques dans les études d’encerclement.

- Les méthodes d’étude des effets d’encerclement permettent de déceler des risques de saturation visuelle, mais elles ne montrent pas la saturation visuelle du point de vue du voyageur et son effet sur le grand paysage. Elles doivent absolument être associées à des méthodes d'appréciation qualitative, qui s’attachent à la spécificité du territoire concerné et de son contexte éolien particulier (page 21).

La méthode d’encerclement utilisée prend bien en compte le grand paysage pour calculer l’indice d’occupation de l’horizon, mais .

- L’appréciation qualitative permet de confirmer le risque de saturation visuelle : analyse et lecture sensible du paysage particulier dans lequel le projet éolien va s’implanter, identification de la cohérence entre les parcs éoliens existants et en projet (leur regroupement, leur articulation, la cohérence de la composition de l’ensemble) (page 22).

La contrainte de cohérence du projet avec les caractéristiques du paysage particulier et le risque d’incohérence avec les autres parcs sont bien évoqués à plusieurs reprises dans l’étude paysagère (risque jugé modéré), mais à aucun moment cette supposée cohérence n’est explicitée (voir plus haut : Incohérence du projet).

- Prendre en compte l’augmentation de la hauteur des machines : l’augmentation de la hauteur des éoliennes dans les nouveaux parcs modifie les rayons de perception et représente un enjeu pour la cohérence et l’articulation avec les autres parcs existants (page 23).

A aucun moment la hauteur des machines n’est prise en compte dans l’étude pour évaluer la cohérence avec les autres parcs.

Effets cumulés :

La DREAL des Hauts de France a publié en 2020 un appel d’offre pour la réalisation d’une Étude relative aux effets cumulés en matière de développement éolien en région Hauts-de-France , dont voici les éléments essentiels :

  • Les espaces abritant la nature « ordinaire » sur lesquels les éoliennes tendent à se concentrer peuvent pourtant être des éléments importants du cycle de vie de certaines espèces.

  • Si un travail de fond a été mené sur le sujet de la saturation paysagère,  la question des effets cumulés se pose désormais de façon marquée concernant la biodiversité compte-tenu de la concentration des parcs (perte potentielle, altération ou perte de fonctionnalité des habitats), en particulier pour les chiroptères et l’avifaune pour lesquels peu de données existent sur ces aspects.

  • L’objectif de l’étude est de conclure quant à la méthodologie appliquée en proposant d’éventuels ajustements nécessaires pour l’étude des effets cumulés.

Le site étant situé entre deux vallées sensibles (vallée de la Sensée, vallée de l’hirondelle) à proximité immédiate et au centre d’un « fer à cheval » constitué de corridors écologiques, il est particulièrement concerné par cet aspect du problème. Lancer une consultation, c’est de fait admettre qu’il y a des questionnements. Par voie de conséquence la logique voudrait que l’on attende les résultats de cette étude avant toute décision concernant des projets qui seraient situés sur des lieux emblématiques…

 

Citons enfin l’étude indépendante publiée le 02/11/2020 par les ingénieurs Jean-Louis REMOUIT, Jacques RICOUR et Bruno LADSOUS, sur le mitage éolien et la tendance qu'ont les implantations initiales à s'agréger en de véritables clusters : CLUSTERS ET REGROUPEMENTS DE CENTRALES EOLIENNES - Proposition d'une méthode d'agrégation pour les études d'impact.

 

En conclusion :

 

De nombreux éléments mettent en évidence l’incohérence de ce projet, qui engendre une saturation visuelle depuis certains secteurs du périmètre rapproché ainsi qu’un mitage de l’occupation éolienne du fait de sa rupture avec les parcs de la plaine d’Artois, tous situés de l’autre côté de la Départementale D939 (axe Arras-Cambrai). De plus, l’évaluation des sensibilités vis-à-vis du contexte éolien est caduque puisqu’elle repose sur un inventaire obsolète de l’état actuel des projets. De surcroît, les études d’encerclement sont incomplètes (villages non-évalués, méthodologie insuffisante) et sous-estiment les effets de saturation. Enfin, les effets cumulés de la concentration de parcs éoliens sur la biodiversité, peu connus, font actuellement l’objet d’études dont les résultats pourraient confirmer les effets négatifs de ce projet dont l’implantation est prévue au plus près d’espaces naturels encore préservés.

 

La région Hauts de France a publié le 29/06/2018 un communiqué de presse (mis à jour le 01/10/2020) qui annonce la création de son observatoire éolien. L'observatoire fait le constat que la Région a subi un développement exponentiel non maîtrisé et que certains territoires des Hauts-de-France sont littéralement saturés, que les Hauts-de-France ont dépassé les objectifs inscrits au Schéma régional Climat Air Énergie, et que la région produit à elle seule près d’un tiers de l’énergie éolienne française.

II. IMPACTS SUR LES PAYSAGES, LE CADRE DE VIE ET LE PATRIMOINE

En géolocalisant le parc éolien sur Google Earth avec le logiciel SketchUp (6 éoliennes de taille similaire sur leur emplacement exact), nous avons mis en évidence de nombreux points de vue depuis lesquels la prégnance visuelle serait très importante. On peut ainsi constater que les photomontages réalisés par le bureau d’étude Biotope sont très incomplets, ou choisissent des points de vue qui permettent de minimiser l’impact du parc éolien.

Sous-estimation des sensibilités paysagères et patrimoniales :

Contexte paysager :

  • La vallée de la Sensée à 500 m et les marais environnants (ZNIEFF2) : Alors que l’étude paysagère (p 50) lui attribue une sensibilité paysagère « modérée », le SRE NPDC 2012 évoque « les paysages sanctuarisés de l’Arrageois et de la vallée de la Sensée », tandis que l’Atlas des paysages de la région Nord-Pas de Calais évoque dans l’ouvrage Paysages des belvédères d’Artois et des vallées de la Scarpe et de Sensée évoque une « vallée-loisirs de la Sensée », « exceptionnelle », « entre bois et étangs»,  « qui a su conserver un patrimoine naturel plus conséquent avec près de 12% de sa surface en marais, roselières et étangs, tout à fait remarquables à l’échelle régionale », « haut lieu du tourisme populaire régional », « très pratiquée par les chasseurs et les pêcheurs ».

Citons aussi le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) : « Le complexe écologique de la vallée de la Sensée s’étend sur plus de 20 kms depuis les communes de Rémy et Haucourt jusqu’à la confluence de la rivière canalisée avec l’Escaut… Complexe de plus de 4 700 ha de zones humides, marais et étangs à cheval sur deux départements et dépendant de 35 communes, la vallée offre un paysage des plus verdoyants contrastant avec la monotonie des zones agricoles environnantes particulièrement dénudées

L’influence ancienne de l’homme associée à la dynamique naturelle de la végétation s’est traduite par conférant à ce complexe tourbeux :

- une vingtaine de communautés végétales, dont certaines sont exceptionnelles, composent le paysage de cette vallée tourbeuse ;

- plus d’une cinquantaine d’espèces végétales (dont 24 sont aujourd’hui protégées) sont rares et parfois en régression importante suite à la disparition de leur milieu d’élection ;

- toute l’avifaune régionale des zones humides est présente dans la vallée, avec un cortège d’espèces remarquables, rares et menacées à l’échelle de la France. »

 

La région et les habitants de la vallée de la Sensée apprécieront la sensibilité modérée attribuée par le bureau d’études Biotope !

 

  • Le bois de Récourt (ZNIEFF1) : Alors qu’il est situé dans la zone de projet en limite de l’aire d’étude immédiate,  la sensibilité n’est pas relevée dans l’étude paysagère et aucune étude d’impact n’a été réalisée.

 

  • Site patrimonial remarquable sur la commune d’Hamel (ZPPAUP) : Alors qu’il est situé à environ 3 km du projet au sein de l’aire d’étude immédiate, sa sensibilité a été estimée nulle par le bureau d’étude Biotope. L’impact visuel est évalué « faible », mais il est sous-estimé depuis le lieu de prise de vue. En effet, la photographie a été prise en été derrière les arbres au premier plan qui masquent le parc éolien, et le feuillage des arbres à l’horizon cache en partie le mat des éoliennes visibles. En revanche, le parc est très visible en contrebas depuis le bord d'étang (D47) et les chalets rive est des deux étangs, avec un impact visuel « fort à très fort » compte-tenu de la beauté exceptionnelle du site.

 

Patrimoine culturel et archéologique – les mégalithes de la Sensée (monuments historiques) :

  • Le menhir La Pierre du diable à Lécluse : à 170 m de la zone d’implantation potentielle et 1 km du projet. La sensibilité du monument et l’impact visuel du parc éolien sont estimés « forts » dans l’étude paysagère, alors que l’impact visuel est très fort. Le recul est insuffisant dans ce paysage naturel sans aucun élément artificialisant, avec un effet d’écrasement par le parc éolien en surplomb et une covisibilité directe des parcs éoliens de la plaine d’Artois à l’horizon.

De plus, sur la photographie de publiée le 7 octobre 2017 on constate que la végétation aux abords du menhir est beaucoup plus haute que sur le photomontage, qui est donc

 

Préconisation de la MRAe et réponse du bureau d’étude Biotope :

L’autorité environnementale recommande d’étudier une variante permettant d’éviter les impacts notamment sur le monument historique, le menhir dit la Pierre du Diable situé sur Lécluse (page 07/22), et de mettre en place des mesures d’évitement afin d’aboutir à un impact résiduel faible (page 11/22).

Le bureau d’étude Biotope se contente de répondre que la variante de moindre impact a déjà été retenue et que des mesures d’accompagnement sont déjà prévues. L’impact demeure donc très important…

 

  • Le cromlech Les sept Bonnettes à Sailly-en-Ostrevent : à 2,684 m du projet. La sensibilité du monument et l’impact visuel du parc éolien sont estimés « modérés » dans l’étude paysagère car les mats des éoliennes sont en partie masqués par les boisements, mais l’impact visuel reste fort dans ce paysage naturel sans aucun élément artificialisant.

Milieu humain :

 

Villages :

Nous avons géolocalisé 58 points de vue supplémentaires localisés sur Google Earth qui viennent compléter les 39 photomontages réalisés dans l’étude. Cette sous-évaluation des impacts s’explique aussi par le fait que certains photomontages sont réalisés depuis des endroits où les éoliennes sont peu visibles (parfois derrière une construction, Cf. PM 34 Cagnicourt !), alors qu’elles le sont quelques dizaines de mètres plus loin.

D’autre part, si le parc éolien n’est pas forcément visible des rues ou lotissements à l’intérieur des bourgs puisqu’il peut être caché par les maisons, en revanche il est entièrement visible depuis la partie arrière et les jardins des maisons situées en pourtour de villages, et cet impact aurait dû être montré en transparence par des photomontages.

 

Préconisations de la MRAe et réponses du bureau d’étude Biotope :

- L’autorité environnementale recommande de compléter les photomontages de prises de vue supplémentaires depuis les entrées, sorties et centres-bourgs des villages situés à moins de 5 km du projet et de réévaluer le niveau d’impact du projet sur ces villages (page 11/22). Le bureau d’étude Biotope répond qu’il a intégré 14 nouveaux photomontages (PM 31 à 44) concernant des entrées, sorties et centres-bourgs des villages situés à moins de 5 km du projet.

Nous avons démontré à quel point ces photomontages sont insuffisants ou tendancieux…

- L’autorité environnementale recommande, concernant la plantation de haies autour du nouveau lotissement situé à l’ouest de Récourt, de démontrer l’efficacité de cette mesure en s’appuyant sur la réalisation d’un photomontage et d’apporter les éléments permettant de garantir que la mesure proposée sera effective (page 12/22).Le bureau d’études propose la plantation de plantes grimpantes le long de la clôture donnant directement vers le projet ou l’installation de bandes occultantes pour filtrer les vues et diminuer l’impact.

 Est-ce une plaisanterie ?

- D’une part, le nouveau photomontage (étude paysagère page 75) ne permet en aucun cas de démontrer l’efficacité de cette mesure de compensation car il aurait fallu une prise de vue depuis les maisons permettant d’estimer la covisibilité directe par transparence, et non pas une prise de vue de la clôture sans aucune vue sur le parc éolien.

- D’autre part, pour qu'une personne de 1m70 ne voie plus l'éolienne de 150 m de hauteur située à 1000 m quand elle est dans son jardin à 5 m de la clôture de 1m50, il faudrait au minimum des arbres de 6m70 de hauteur ! Peut-être cette mesure serait-elle efficace pour un enfant mesurant moins de 1m50 placé le nez contre la clôture ?​

Routes et autoroutes :

 

La sensibilité des axes routiers et l’impact visuel du parc éolien sont estimés « forts » (autoroute A 26) et « modérés à faibles » (routes proches) dans l’étude paysagère, mais seuls deux photomontages ont été réalisés (PM 06 et 07) au-dessus de l’autoroute A26. Nous avons évalué les impacts depuis 15 points de vue situés sur l’autoroute A26 et les routes proches, que nous estimons « très forts à forts » pour 7 points de vue, « modérés » pour 3, « modérés à faible » pour 3, et « faibles » pour 2.

 

Comme signalé précédemment (Saturation visuelle, mitage du territoire et cohérence), l’impact visuel n’est quasiment pas évalué depuis le point de vue du voyageur traversant le secteur. Hormis deux photomontages depuis l’autoroute A 26, rien dans l’étude ne permet d’estimer la forte prégnance visuelle du parc éolien depuis les nombreux points de vue que nous avons identifiés sur les routes proches.

 

Circuits de randonnée :

 

La sensibilité du GR 121 et du sentier Le Mont Fouet (OSARTIS No. 4) est estimée « modérée », et celle du sentier Les Plats Monts (OSARTIS No. 5), est évaluée « faible » (étude paysagère page 50).

Et pourtant :

  • Circuit OSARTIS No. 4 Le Mont Fouet : Le parc éolien est très visible sur la quasi-totalité de ce parcours de 14 km entre Dury, Saudemont, Récourt, Etaing, Eterpigny et Dury, tout particulièrement entre Récourt et Etaing puisque le sentier passe entre les éoliennes, parfois à seulement quelques mètres (E6, E5 et E4) ! L’impact visuel est indéniablement très fort  sur la totalité du circuit, et que dire de cet impact au milieu des éoliennes ?

Une étude des dangers a-t-elle été effectuée pour les randonneurs et promeneurs (ou chasseurs), considérant que la législation prévoit une distance de sécurité pour toute installation ou construction de 100 mètres par rapport aux axes routiers (Article L 111-1-4 du code de l’urbanisme), tandis que d’autres sources citent une distance de moins de 200 mètres de la voirie ou égale à la hauteur totale de l’éolienne + 20m (Guide éolien Loire-Anjou-Touraine 2009 - page 10) ? Sans oublier le passage du circuit par le cimetière britannique de Dury Mill, grand absent de l’étude d’impact (voir ci-dessous)…

  • Circuit OSARTIS No. 5  Les Plats Monts : Le parc éolien est très visible sur les trois quarts de ce parcours de 12 km entre Ecourt-Saint-Quentin, Récourt, Lécluse et Ecourt. C’est le cas entre Ecourt et Récourt, entre Récourt et Lécluse par les Plats Monts et le Bois de Récourt, avant l’arrivée à Lécluse à proximité du menhir La pierre du diable, et enfin depuis la sortie du marais d’Ecourt jusqu’à Ecourt. L’impact visuel est indéniablement fort à très fort depuis ce circuit.

  • Circuit La vallée de la Sensée : Ce circuit emprunte le même parcours que le circuit OSARTIS No. 5 entre Ecourt-Saint-Quentin, Récourt, Lécluse et Ecourt. L’impact visuel est fort à très fort depuis ce circuit.

  • Circuit OSARTIS No. 2 Les Bonnettes : Le parc éolien est très visible depuis le monument historique Les Bonnettes à Sailly-en-Ostrevent (voir plus haut), mais aussi depuis le GR 121 sur le contournement sud du bourg de Lécluse où le sentier s’approche à seulement 1 km de la zone d’implantation du projet (étude paysagère page 44). L’impact visuel est modéré à fort.

  • Circuit OSARTIS No. 3 Le Mont Hulin : Le parc éolien est bien visible de Bellonne à Tortequesne et de Tortequesne au Mont Hulin.

  • Circuit Office de tourisme Cambrésis Les mégalithes

 

Le bureau d’étude sous-estime les impacts visuels du projet depuis 3 parcours de randonnée, et oublie d’évaluer les impacts pour au moins 3 autres parcours…

 

Cimetières militaires situés dans l’aire d’étude immédiate :

 

  • Cimetière britannique d’Eterpigny et crucifix : Situé au sein de l’aire d’étude immédiate à environ 1500 m du projet, il est mentionné dans l’étude paysagère (page 36 figure 49). La sensibilité a été évaluée « modérée » mais aucun photomontage ni aucune évaluation d’impact n’ont été réalisés. Toutes les éoliennes sont pourtant très visibles depuis les accès au cimetière et depuis le crucifix qui se trouve juste à côté. Il existe une covisibilité directe sans éléments artificialisants dans ce paysage naturel et dégagé, avec de surcroît un effet de surplomb du parc éolien. L’impact visuel peut être considéré « fort à très fort ».

  • Cimetière britannique de Dury Mill : Situé au sein de l’aire d’étude immédiate à environ 2000 m du projet, il est mentionné dans l’étude paysagère (page 36 figure 50). La sensibilité a été évaluée « faible » mais aucun photomontage ni aucune évaluation d’impact n’ont été réalisés. Le cimetière étant situé sur une hauteur, toutes les éoliennes sont pourtant bien visibles depuis les tombes au-dessus du village de Dury, même si les mats sont partiellement masqués derrière les boisements et malgré les arbres au 1er plan. Il existe une covisibilité directe sans éléments artificialisants dans ce paysage naturel et l’impact visuel peut être considéré « modéré à fort ».

  • Mémorial canadien de Dury : Il est situé au sein de l’aire d’étude immédiate à 2800 m du projet. La sensibilité a été évaluée « modérée », la prégnance et l’impact visuel « faibles » en raison des arbres entourant le mémorial qui apportent une échelle verticale à la vue et au paysage. Il existe pourtant une covisibilité directe sans éléments artificialisants dans ce paysage naturel et dégagé, avec de surcroît un effet de surplomb du parc éolien. L’impact visuel peut être considéré « modéré à fort », d’autant que le parc est très visible directement depuis le pied du monument.

  • Cimetière allemand d’Ecourt-Saint-Quentin : Il est situé au sein de l’aire d’étude immédiate à 3200 m du projet. La sensibilité a été évaluée « modérée » et l’impact visuel « faible » car seules 3 éoliennes sont visibles avec une covisibilité indirecte depuis le point de vue. Il existe pourtant une covisibilité directe depuis l’intérieur du cimetière et dans le sens des tombes. Les éoliennes apparaissent en surplomb au-dessus du cimetière municipal situé de l’autre côté de la route, sans éléments artificialisants dans ce paysage naturel et dégagé. L’impact visuel peut être considéré « modéré à fort ».

 

Préconisation de la MRAe et réponse du bureau d’étude Biotope :

L’autorité environnementale recommande de compléter l’étude d’impact d’un recensement exhaustif du patrimoine local non protégé et notamment des cimetières militaires et de justifier, le cas échéant l’absence de sensibilité de ces éléments patrimoniaux au projet de parc éolien (page 09/22). Réponse : « A l’échelle de l’aire d’étude immédiate, 7 cimetières militaires ont été localisés. La sensibilité du cimetière du Crucifix de Dury, du Mémorial canadien de Dury et du cimetière allemand d’Ecourt-Saint-Quentin est modérée vis-à-vis du projet de La Sensée. Les autres cimetières ont une sensibilité faible à celui-ci. Concernant ceux pour lesquels une sensibilité modérée a été estimée, des photomontages ont été réalisés afin d’évaluer l’impact du projet (PM 09, PM 46 et PM 47). Cet impact sur ce patrimoine est estimé de très faible à faible. »

 

Force est de constater à nouveau que le bureau d’étude Biotope tente de masquer les lacunes du dossier sans répondre aux demandes de la MRAe :

  • Le cimetière britannique de Dury Mills a été oublié, et pour celui d’Eterpigny aucune étude paysagère n’a été faite.

  • Si le bureau d’étude Biotope justifie l’absence de photomontages pour les cimetières par leur faible niveau de sensibilité,  pourquoi dans ce cas avoir évalué l’impact visuel pour le mémorial britannique de Haucourt (PM 35) et ne pas l’avoir fait pour le cimetière britannique de Dury, tous deux de sensibilité faible ? Peut-être parce que l’impact du premier est nul alors qu’il est important pour le second ?

  • Pour le mémorial canadien de Dury et le cimetière allemand d’Ecourt-Saint-Quentin, les photomontages sont réalisés à partir de points de vue qui permettent de minimiser les impacts.

 

Cimetières municipaux :

 

  • Cimetière municipal d’Etaing : Il est situé au sein de l’aire d’étude immédiate à environ 1600 m du projet, au sud-est du village en pleine campagne. Il existe une covisibilité directe sans éléments artificialisants dans ce paysage naturel et dégagé, avec de surcroît un effet de surplomb du parc éolien. L’impact visuel peut être considéré « fort à très fort ».

  • Cimetière municipal d’Eterpigny : Il est situé au sein de l’aire d’étude immédiate à environ 1700 m du projet, au sud-ouest du village en pleine campagne. Il existe une covisibilité directe depuis l’entrée et l’intérieur du cimetière sans éléments artificialisants dans ce paysage naturel et dégagé, avec de surcroît un effet de surplomb du parc éolien. L’impact visuel peut être considéré « fort à très fort ».

  • Cimetière municipal de Lécluse : Situé au sein de l’aire d’étude immédiate à environ 1700 m du projet, à l’est du village en pleine campagne. Certaines éoliennes sont en partie masquées par le lotissement et les boisements. Il existe une covisibilité directe sans éléments artificialisants dans ce paysage naturel et dégagé. L’impact visuel peut être considéré « faible à fort » selon le point de vue.

  • Cimetière municipal de Saudemont : Situé au sein de l’aire d’étude immédiate à environ 2750 m du projet, au sud du village en pleine campagne. Le haut des éoliennes est partiellement visible depuis  l’entrée du cimetière au-dessus du village et des boisements, avec un poteau électrique au premier plan. L’impact visuel peut être considéré « modéré à faible » selon le point de vue (Annexe 3.7).

  • Cimetière municipal d’Ecourt-Saint-Quentin : Situé au sein de l’aire d’étude immédiate à 3150 m du projet, en sortie nord du village. Il existe une covisibilité directe depuis le cimetière et dans le sens des tombes. Les éoliennes apparaissent en surplomb, sans éléments artificialisants dans ce paysage naturel et dégagé. L’impact visuel peut être considéré « modéré à fort » (Annexe 3.8).

 

Aucun photomontage n’a pourtant été réalisé depuis ces lieux publics de recueillement appartenant au patrimoine local non-protégé, alors que la sensibilité, la prégnance et l’impact visuel sont loin d’être anodins par leur importance symbolique mais aussi par leur caractère champêtre et leur situation excentrée avec vues directes sur la campagne et le parc éolien.

Ancre 2

III. IMPACTS ÉCOLOGIQUES

Les niveaux de sensibilité pour la faune sont manifestement sous-estimés par rapport aux préconisations du Guide de préconisation pour la prise en compte des enjeux chiroptèrologiques et avifaunistiques dans les projets éoliens, publié en septembre 2017 par la DREAL de la région Hauts de France, et les études sont incomplètes pour de nombreuses espèces selon les préconisations du Guide relatif à l'élaboration des études d’impacts des projets de parcs éoliens terrestres, publié par le Ministère de la Transition écologique en octobre 2020.

 

Impacts sur les milieux naturels :

 

La zone d’implantation étant située au centre d’un « fer à cheval » composé de zones naturelles et corridors écologiques (Rémy, Eterpigny, Etaing, Tortequesne, Lécluse, Hamel, Arleux, Palluel, Ecourt et Rumaucourt), toutes les espèces présentes sur ces corridors devraient être prises en compte (voir plus loin la nouvelle décision de la Cour de justice de l'Union européenne à ce sujet).

 

La MRAe souligne l’importance de ces continuités écologiques (page 13) : « on note la présence de la vallée de la Sensée, constituant un corridor écologique de type « forêt » reliant les bois du complexe écologique de la vallée entre eux et au bois de Récourt et de type « rivières et zones humides » reliant notamment le Grand Marais, les marais des Viviers et des Grandes Billes, à Lécluse, et le vieux marais et les marais de Saudemont et d’Ecourt-Saint-Quentin et le marais du Grand Clair de Palluel ».

 

De même que le site de l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) :

« Zone humide de très grande qualité biologique, la Vallée de la Sensée n’a guère d’équivalent dans la région Nord Pas-de-Calais. Avec ses 4 700 ha de biotope palustres dont 800 ha de plan d’eau, c’est un ensemble des plus originaux qui mérite sans conteste d’être préservé et géré avec précautions.

L’influence ancienne de l’homme associée à la dynamique naturelle de la végétation s’est traduite par une grande diversité de biotopes conférant à ce complexe tourbeux une valeur paysagère et une richesse biologique de premier ordre :

  • une vingtaine de communautés végétales, dont certaines sont exceptionnelles, composent le paysage de cette vallée tourbeuse ;

  • plus d’une cinquantaine d’espèces végétales (dont 24 sont aujourd’hui protégées) sont rares et parfois en régression importante suite à la disparition de leur milieu d’élection ;

  • toute l’avifaune régionale des zones humides est présente dans la vallée, avec un cortège d’espèces remarquables, rares et menacées à l’échelle de la France. »

Citons notamment dans l’aire d’étude immédiate et rapprochée :

  • Les zones humides et étangs de la Vallée de la Sensée à 500 m (ZNIEFF2).

  • Le bois de Récourt (ZNIEFF1) : Aucune étude naturaliste n’a été effectuée dans la partie la plus importante du bois qui est située en limite de la zone d’implantation potentielle (zone de projet). Seule la peupleraie adjacente, située au sein de la zone de projet, est prise en compte dans l’étude écologique, alors que le guide national 2020 précise que le zonage « implique sa prise en compte et des études spécialisées naturalistes systématiques d’autant plus approfondies si le projet concerne une ZNIEFF1 » (page 119).

  • Le Site patrimonial remarquable sur la commune d’Hamel (ZPPAUP) à 3km.

Par ailleurs, Le Ministère de la transition écologique a publié le lundi 18 janvier 2021 sur son site Internet la nouvelle stratégie nationale pour les aires protégées, dont l’objectif est de parvenir en 2030 à 30 % d'aires protégées et 10 % de zones à protection forte sur le territoire national afin d'y limiter ou supprimer les pressions  engendrées par les activités humaines. Cette nouvelle stratégie n'est pas exclusivement ciblée sur la création de nouvelles aires protégées, mais traite également des enjeux qualitatifs communs à tous les types d'aires protégées marines et terrestres.

Dès le premier plan d’action 2021-2023, qui sera proposé fin 2021 pour être une mise en œuvre à partir de janvier 2022, chaque territoire aura l’opportunité de déployer cette stratégie selon ses spécificités et ses enjeux. Les collectivités territoriales et les préfets seront sollicités dans chaque région, en particulier pour les mesures suivantes :

  • Mesure 3 : Renforcer la protection, la cohérence et la connectivité du réseau d'aires protégées et de protection forte par des concertations locales - Identifier de nouvelles zones à protéger :

D’ici fin 2021 :

- Proposer à une échelle territorialisée (Région) de nouvelles zones à protéger, incluant des zones de protection forte, sur la base d’un diagnostic territorial de l’état du réseau d’aires protégées.

- Définir et mettre en œuvre des plans d’actions territoriaux. (Collectivités, Préfets)

  • Mesure 10 : Mieux intégrer les aires protégées dans les différentes politiques publiques et dans les projets de territoire - Améliorer et faciliter l’intégration des aires protégées dans les documents de planification.

D’ici 2022 :

- Actualiser la prise en compte du réseau des aires protégées dans les schémas régionaux (stratégie régionale de la biodiversité, schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires, trames vertes et bleues, schéma d’aménagement régional dans les outremer), pour l’intégration des enjeux de cohérence écologique et réciproquement).

- Promouvoir la prise en compte des territoires ruraux ou urbains de proximité dans les documents de gestion des aires protégées. (Régions, Conseils régionaux, Préfets de région)

 

La DREAL Hauts de France, en charge de l’animation régionale, a publié le 19 janvier 2021 un appel à projets en faveur de la restauration écologique et des aires protégées, avec un budget alloué pour  2021 de 1 000 000 € pour la restauration des continuités écologiques et 1 360 000 € pour la restauration des aires protégées.

 

Dans ce nouveau contexte stratégique de renforcement de la protection des aires protégées, serait-il cohérent de valider l’implantation d’un parc éolien « sur un espace de respiration encore préservé, au plus près de zones naturelles », « en contradiction avec l’accord Eurobats relatif à la conservation des populations de chauves-souris européennes », « au sein d’un secteur présentant une diversité et/ou une activité avifaunistique notable » (Avis MRAe), et à proximité immédiate d’aires protégées (ZNIEFF 1 Bois de Récourt, ZNIEFF 2 Vallée de la Sensée, ZPPAUP Hamel), alors même que le plan d’action régional coordonné par la DREAL en faveur de la restauration écologique et des aires protégées sera mis en œuvre à partir de janvier 2022 ?

Impacts sur le reste de la faune (mammifères terrestres, amphibiens, …) :

 

Aucune analyse de l’occupation du site et des continuités écologiques n’a été effectuée pour ces espèces aux statuts de protection stricts, contrairement aux préconisations du guide national 2020 qui souligne les impacts potentiels en phase travaux (pages 110 à 113). Alors que l’herpétofaune constitue le groupe d’espèces potentiellement le plus sensible au regard des statuts de protection et de rareté de nombreuses espèces, aucune analyse des impacts potentiels n’a été réalisée, et par conséquent aucune mesure ERC n’a été envisagée (pages 113 à 115). A minima, l’étude écologique aurait dû vérifier les enjeux dans l’analyse préalable en recherchant la présence éventuelle de milieux favorables et effectuer des prospections ciblées pour les espèces protégées, rares ou menacées. Les zones humides, bois, et fossés ne manquent pas en Val de Sensée ! (voir page 15 : Espèces faunistiques présentes dans l’aire d’étude immédiate)

 

Impacts sur l’avifaune et les chiroptères :

 

Les données bibliographiques utilisées dans l’étude d’impact pour l’analyse de la sensibilité prévisible de l’avifaune sont toutes antérieures à 2015 (même si les inventaires ont été actualisés en 2019), et l’analyse ne tient pas compte des préconisations du guide DREAL HDF 2017. Si l’on se réfère à ce guide, les niveaux de sensibilité générale sont sous-estimés pour la plupart des espèces étudiées. En conséquence le niveau d’impact, les mesures d’évitement-réduction-compensation (ERC) et le niveau d’impact résiduel sont sous-évalués ou ne sont pas proposées. L’analyse des impacts est donc tronquée et les mesures non adaptées.

 

Extraits de l’avis MRAe concernant l’étude écologique et réponses du bureau d’étude Biotope :

  • L’autorité environnementale recommande d’étudier une variante respectant une distance minimale de 200 mètres entre les éoliennes et les secteurs présentant une diversité et/ou une activité avifaunistique et chiroptérologique afin d’assurer la protection des espèces (page 7). Le bureau d’étude Biotope se contente de répondre que la variante de moindre impact a déjà été retenue et que la mesure d’évitement prévue est suffisante.

  • L’autorité environnementale recommande d’accompagner l’étude de la migration de la technologie radar sur l’ensemble des oiseaux, compte-tenu de la présence de la vallée de la Sensée à 500 m de l’aire d’étude immédiate du projet et de réévaluer le niveau d’enjeu et d’impact sur ces espèces le cas échéant (page 15/22). Le bureau d’étude Biotope se contente de répondre que les enjeux identifiés au cours de la période de migration des oiseaux n’ont pas nécessité l’emploi complémentaire de cette technologie.

  • Les niveaux de sensibilité sont sous-évalués. L’autorité environnementale recommande de réévaluer le niveau de sensibilité prévisible au projet des oiseaux et conséquemment le niveau d’impact du projet sur ces espèces (page 17/22). Le bureau d’étude Biotope se contente de répondre que la mortalité brute constatée n’est pas retenue pour définir à elle seule le niveau de sensibilité puisque cette mortalité n’a pas du tout les mêmes conséquences sur les espèces suivant la taille de leur population européenne.

  • L’autorité environnementale constate que l’évitement de secteurs présentant une diversité et/ou une activité avifaunistique n’a pas été recherché, et recommande de rechercher une solution alternative à la zone d’implantation potentielle retenue (autre localisation) (page 17/22). Le bureau d’étude Biotope se contente de répondre que la variante de moindre impact a déjà été retenue et que la mesure d’évitement déjà prévue est suffisante.

  • L’autorité environnementale ne peut, en l’état actuel des données, se prononcer sur l’évaluation des impacts sur les chiroptères et leur bonne prise en compte et recommande : de compléter les inventaires chiroptérologiques de points d’écoute positionnés auprès des haies situées à proximité des éoliennes E4 et E6 projetées, de réaliser des écoutes en altitude et de réévaluer l’analyse de la fonctionnalité du site par les chiroptères, et notamment l’identification des transits, de réévaluer le cas échéant les impacts du projet sur les chiroptères et de proposer des mesures d’évitement (page 18/22). Le bureau d’étude Biotope se contente de répondre que les inventaires ont été réalisés à partir de transects et de points d’écoute ayant permis d’étudier l’ensemble des habitats favorables aux chiroptères sur la zone d’implantation des éoliennes.

  • SYNTHÈSE MRAe : "Concernant l’étude écologique, les éoliennes E4 et E6 sont respectivement situées à moins de 200 m de haies, en contradiction avec l’accord Eurobats relatif à la conservation des populations de chauves-souris européennes, qui préconise une distance minimale de 200 m entre les éoliennes et les boisements ou les secteurs présentant une diversité et/ou une activité chiroptérologique. De plus, les éoliennes E1 et E5 sont situées à proximité de secteurs présentant une activité chiroptérologique notable. En outre, les éoliennes E1, E4 et E5 s’implantent au sein ou à proximité immédiate d’un couloir principal de déplacement des oiseaux et l’éolienne E6 au sein d’un secteur présentant une activité avifaunistique notable".

 

Nouvelle décision de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) :

 

La CJUE a rendu le 4 mars 2021 une décision d'interprétation des directives oiseaux et habitats en matière de protection des espèces qui pourrait faire évoluer les décisions de justice nationale concernant les opérations d'aménagement ayant un impact sur les espèces sauvages :

  • La Cour indique que l'article 5 de la directive oiseaux, qui interdit les atteintes à toutes les espèces d'oiseaux sauvages, ne vise pas seulement les espèces inscrites à l'annexe I de la directive, celles qui sont « menacées à un certain niveau » ou dont la population montre une tendance à baisser à long terme. La juridiction européenne interprète également, dans le sens d'un renforcement de la protection des espèces, l'article 12 de la directive habitats. Cet article impose aux États membres d'instaurer un système de protection stricte des espèces animales présentant un intérêt communautaire.

  • La décision indique que dans le cas d'activités d'exploitation forestière ou d'occupation des sols, les interdictions ne s'appliquent pas seulement en cas de risque d'incidence négative sur l'état de conservation des espèces. Par ailleurs, la protection ne doit pas cesser lorsque les espèces ont atteint un état de conservation favorable. Enfin, l'interdiction de détériorer les sites de reproduction ou les aires de repos ne joue pas seulement lorsque l'état de conservation de l'espèce concernée risque de se dégrader, ajoute la Cour.

  • Cet arrêt est d'une grande portée en faveur de nombreuses espèces, même en présence d'un état de conservation favorable. L'évaluation environnementale ne repose bien souvent que sur les seules espèces protégées, alors que de nombreux projets affectent des espèces menacées ou quasi-menacées de la liste rouge de l'UICN, mais non protégées.

 

La sensibilité à l’éolien et les impacts doivent donc dorénavant être pris en compte et évalués pour toutes les espèces d’oiseaux sauvages, et non pas seulement celles qui sont inscrites à l'annexe I de la directive oiseaux. Or, le projet éolien de la Sensée risquerait fort d’y contrevenir de par sa localisation à proximité des étangs, au plus près des corridors écologiques du Val de Sensée.

 

Espèces protégées et menacées absentes des inventaires :

 

L’étude écologique fait référence au Système d’information régionale sur la faune (SIRF), moins exhaustif que l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) qui inclut les données du SIRF.

En conséquence, certaines espèces ne sont pas soumises à évaluation, contrairement aux préconisations du  guide DREAL HDF 2017, et aucune demande de dérogation aux interdictions n’a été déposée :

 

  • AVIFAUNE :

- le martin-pêcheur (liste rouge régionale, vulnérable) : mentionné dans l’étude écologique à Biache mais pas à Etaing (voir SIRF Etaing 2015 sur INPN),

- l’hirondelle de fenêtre (quasi menacée, sensibilité aux éoliennes élevée) : non-mentionnée dans l’étude écologique,

  • FAUNE :

- la grenouille rousse (espèce protégée),

- le crapaud commun (espèce protégée),

- le hérisson d’Europe (espèce protégée),

  • FLORE :

A Récourt :

- la scille penchée (LR nationale),

- la scille à deux feuilles (très rare et quasi-menacée) : mentionnée mais non étudiée car au sein du bois de Récourt en limite de la zone de projet mais au sein de l’aire d’étude immédiate !

A Etaing :

- le callitriche pédonculé (LR régionale, en danger).

 

Conclusion sur l’étude paysagère et l’étude écologique :

 

Les observations qui précèdent ainsi que les nombreux éléments de démonstration dont nous disposons apportent la preuve que les études réalisées par le bureau d’études BIOTOPE mandaté par ENGIE GREEN occultent ou sous-estiment les impacts importants qui seraient engendrés par le projet de Parc éolien de la Sensée sur les paysages, le cadre de vie, l’environnement et le patrimoine archéologique, culturel ou historique. Hormis quelques « mesurettes » sans aucune incidence sur le projet tel qu’il a été présenté (amélioration ou création de quelques photomontages complémentaires, actualisation des inventaires, analyses plus détaillées, précisions), strictement aucune demande de la MRAe n’a été satisfaite dans la dernière version des études lorsque cela impliquait de prendre des mesures ayant une réelle incidence sur le projet. De fait, aucune mesure d’évitement, de réduction ou de compensation supplémentaire n’est proposée dans cette nouvelle version.

 

De surcroît, les études s’appuient sur des données bibliographiques et des documents de cadrage qui sont tous antérieurs à 2013 :

  • Concernant l’impact des projets éoliens sur les oiseaux, les références bibliographiques évoquées ont toutes été publiées entre 2006 et 2013, sauf un ouvrage en langue allemande publié en décembre 2015 (étude d’impact environnementale page 106).

  • Concernant les données paysagères, l’étude s’appuie sur :

  • Le Guide de l’étude d’impact sur l’environnement des parcs éoliens, MEEDDM, actualisation de 2010 (la version de décembre 2016 n’a été consultée que pour les textes de référence),

  • Le Schéma régional du climat de l’air et de l’énergie (SRCAE) et notamment son annexe le Schéma Régional Eolien (SRE) de la région Nord – Pas-de-Calais (Région et DREAL Nord – Pas-de-Calais, 2012),

  • Le schéma paysager éolien 62 (DDE du Pas-de-Calais, 2007).

  • Selon l’étude paysagère (page 12) : « Pour compléter ces données et recueillir d’éventuelles attentes particulières, la DRAC Nord – Pas-de-Calais a été consultée (courrier de réponse daté du 9 juillet 2014 présenté en annexes) ». Or, ce courrier ne figure pas en annexes et Madame Bérengère Lemeunier (Chef de projet ENGIE Green) que nous avons interrogée à ce sujet par courriel le 29/04/2021, a refusé de nous envoyer ce document en répondant laconiquement dans un courriel du 03/05/2021 : « Nous vous encourageons à faire parvenir vos remarques à M. le Commissaire Enquêteur »

 

En revanche, aucun des documents de cadrage les plus récents n’a été utilisé pour la réalisation des études :

  • Guide relatif à l'élaboration des études d’impacts des projets de parcs éoliens terrestres, Ministère de la Transition écologique, octobre 2020 (et décembre 2016)

  • DREAL Hauts de France, juillet 2019 - Etude sur la saturation visuelle liée à l’implantation de projets éoliens

  • DREAL Hauts de France, septembre 2017 - Guide de préconisation pour la prise en compte des enjeux chiroptèrologiques et avifaunistiques dans les projets éoliens

 

Par ailleurs, de nouvelles directives visent à renforcer la protection des zones naturelles et des espèces sauvages :

  • une nouvelle stratégie nationale du Ministère de la transition écologique pour les aires protégées (parvenir en 2030 à 30 % d'aires protégées et 10 % de zones à protection forte sur le territoire national), relayée par la DREAL Hauts de France (pages 12 et 13),

  • une nouvelle décision de la Cour de justice de l'Union européenne visant à la protection de toutes les espèces d’oiseaux sauvages (pages 14 et 15).

Même sans prendre en compte ces nouvelles directives, l’étude écologique est incomplète :

  • les impacts sur le reste de la faune n’ont pas été évalués, contrairement aux préconisations du guide national 2020 qui souligne les impacts potentiels en phase travaux (page 13),

  • plusieurs espèces faunistiques ou floristiques n’ont pas été évaluées, contrairement aux préconisations du  guide DREAL HDF 2017, et aucune demande de dérogation aux interdictions n’a été déposée (page 15).

 

Soucieux d’obtenir des précisions concernant le projet de Parc éolien de la Sensée, le nouveau conseil municipal de Récourt a convié les représentants d’ENGIE Green le 25 février 2021 pour une réunion dédiée au projet, à laquelle se sont présentés Madame Bérengère LEMEUNIER (Chef de projet) et Monsieur Sébastien BAUSSARON (Responsable de projet).

Lorsque Monsieur Bossaron a été questionné sur le fait que le Guide national 2020 et les Guides DREAL Hauts de France 2017 et 2019 n’avaient pas été consultés pour la réalisation des études d’impact, et que de ce fait les impacts étaient sous-estimés, ce dernier a répondu devant tous les conseillers municipaux présents que les bureaux d’études n’étaient pas d’accord avec les préconisations de ces documents de cadrage officiels !

 

  • Quelle est la validité d’un projet qui repose sur des données obsolètes et ne tient pas compte des dernières recommandations officielles ?

  • Quelle est la légitimité d’un bureau d’études qui estime que les recommandations de la DREAL et du Ministère de la transition écologique ne lui conviennent pas ?

  • Quelle caution accorder à un promoteur qui mandate en connaissance de cause un tel bureau d’étude pour l’élaboration d’un projet éolien instruit par la DREAL et soumis à autorisation du Préfet, lui-même représentant du Ministère de la transition écologique dans son Département ?

 

IV. ÉTUDE ACOUSTIQUE

 

Datée du 06/12/2018, l’étude acoustique a été réalisée par le bureau d’études ALHYANGE. La campagne de mesures acoustiques a été effectuée par ENGIE GREEN en continu du 24 avril au 18 mai 2015 (étude acoustique page 7).

 

Les périodes de mesures :

 

D’après l’étude acoustique (page 13), les mesures sont jugées représentatives : mesures longue durée, conditions météorologiques satisfaisantes (plage de vitesses de vent suffisamment étalée).

Mais d’après le guide national 2020 (page 132):

  • Le nombre de campagnes de mesure doit être proportionné aux enjeux. Il doit dans tous les cas être adapté de manière à prendre a minima en compte dans les analyses, l’occurrence principale des conditions de fonctionnement du parc pour la situation la plus sensible en termes d'impact acoustique.

  • La période dite estivale ne représente qu'une fraction minoritaire d'une année. Des mesures réalisées durant ces périodes avec une activité humaine et/ou agricole et/ou faunistique caractérisée ne seront représentatives que de cette période.

  • Il est donc intéressant de connaître les enjeux acoustiques sur cette période mais ils ne seront certainement pas les plus sévères...

  • Une campagne complémentaire en dehors de cette période est conseillée pour avoir une vision plus précise des enjeux. »

 

La plupart des études acoustiques réalisées pour les projets de parcs éoliens effectuent deux campagnes, dont une en période hivernale. Le bureau d’études Alhyange n’a réalisé qu’une seule campagne au printemps, mais aucune en période hivernale alors que les vents sont plus forts et le bruit de fond moins important. Les impacts sonores sont donc minimisés dans l’étude acoustique.

 

L’incertitude de mesure :

 

Selon l’étude acoustique (page 8), les mesurages ont été réalisés suivant le projet de norme Pr NF S 31-114 « Mesurage du bruit dans l'environnement avant et après installation éolienne » dans sa version de juillet 2011, désignée par l’arrêté du 26 août 2011, qui a été rédigé pour répondre à la problématique posée par des mesurages en présence de vent, rendus nécessaires pour traiter le cas spécifique des éoliennes, ainsi que sur le Guide de l’étude d’impact sur l’environnement des parcs éoliens (actualisation 2010) édité par le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer.

Le projet de norme 31-114 décrit la méthodologie à suivre pour évaluer les incertitudes liées aux résultats de mesure du bruit résiduel. Le guide national 2020 (page 127) précise que cette norme définit les méthodes de mesurage des bruits et des données de vent, les indicateurs de bruit spécifiques, les méthodes de corrélation du bruit avec la variation du vent, les analyses statistiques permettant de définir une valeur de bruit pour une classe de vent et les incertitudes associées à la détermination des niveaux de bruit par classe de vitesse de vent.

 

Or, ces incertitudes ne sont pas mesurées dans l’étude acoustique, alors qu’elles devraient être représentées par des tableaux précisant, pour chaque classe homogène, les incertitudes associées aux mesures de bruit résiduel. Les calculs d'émergence, effectués sur les moyennes sans tenir compte des incertitudes, ne sont donc pas crédibles (étude acoustique page 20 et suivantes).

 

Une nouvelle norme pour évaluer les incertitudes liées à l’instrumentation lors de mesurages du bruit dans l’environnement a été publiée en avril 2018 durant le 14ème congrès français d’acoustique (norme XP S 31-115-1). Le texte précise en introduction :

  • La présentation du résultat d’un mesurage acoustique nécessite d’être accompagnée de l’incertitude associée à ce mesurage afin d’en estimer sa fiabilité. En l’absence de cette information, aucune comparaison ne peut être effectuée entre plusieurs résultats de mesurage ou entre un résultat et une valeur de référence fournie par exemple par une spécification ou un texte réglementaire.  La nouvelle norme XP S 31-115-1 est la première norme française qui traite de l’évaluation de l’incertitude de la mesure du bruit dans l’environnement. Elle s'adresse à toute personne procédant à des mesurages acoustiques dans l'environnement, ainsi qu'aux rédacteurs de norme de mesurage en acoustique de l'environnement.

  • L'incertitude d'un résultat de mesurage se traduit par un écart entre ce résultat et une valeur de référence qui peut être soit la valeur « vraie » de la grandeur mesurée (inconnue car inaccessible), soit une valeur conventionnelle (connue). Cet écart est appelé « erreur de mesure » et peut être décomposé en deux composantes : l’erreur systématique et l’erreur aléatoire. L’erreur systématique (biais) est la composante qui, dans le cas de mesurages répétés, demeure constante ou varie de façon prévisible ; l’erreur aléatoire est la composante qui, dans le cas de mesurages répétés, varie de façon imprévisible et est la cause de la dispersion de la distribution des résultats de mesurage.

  • L’erreur systématique entraîne un biais sur la mesure, et il est très fortement recommandé de le corriger lorsque celui-ci est connu. L’erreur aléatoire est caractérisée par une incertitude estimée à l’aide d’un écart-type appelée incertitude-type composée. L'incertitude-type composée résulte de la combinaison des incertitudes-types de chaque grandeur d'influence.

  • Les incertitudes sont un outil pour estimer la qualité de résultats de mesurage, en fonction de l'usage qui doit être fait de ces résultats. Le résultat final de l'estimation des incertitudes peut ainsi parfois conduire à l'impossibilité de conclure, et amener l'utilisateur à repenser sa démarche de mesurage, adopter un matériel différent, mieux maîtriser ses conditions de mesurage, etc. Cela peut par exemple être le cas lorsqu'il est nécessaire de comparer le résultat de mesurage à un seuil (limite réglementaire, seuil de conformité, etc.) et que ce dernier se situe dans l'intervalle d'incertitude calculé.

 

Pourtant, l’étude acoustique ne fait aucune référence à la norme 31-115, contrairement à ce qui est également préconisé pour les projets éoliens. Voici en exemple deux études d’impact ENGIE GREEN qui y font référence :

 

L’étude d’impact environnementale fait référence à la norme NFS 31-114 « Mesurage du bruit dans l'environnement avant et après installation éolienne » dans sa version de juillet 2011, désignée par l’arrêté du 26 août 2011 (page 306), et à la norme NFS 31-010 (page 308).

La nouvelle référence de mesure destinée à compléter la référence 31-114 de 2011, éditée depuis 2014 et réécrite depuis, n’a toujours pas été publiée car elle est bloquée par les gouvernements successifs…

(Voir Impact sonore des éoliennes sur la santé, pages 28 et 33)

 

En conclusion :

 

Faute de mesures réalisées en période hivernale et faute de prendre en compte les incertitudes associées aux mesures de bruit résiduel, l’étude acoustique réalisée par le bureau d’études Alhyange ne permet pas de calculer les émergences de manière objective. L’étude est incomplète et non-conforme aux normes règlementaires.

V. RISQUES GÉOLOGIQUES ET HYDROGÉOLOGIQUES

 

Risque de pollution des sols et de la nappe de la craie :

 

Malgré les dispositifs de détection mis en place par les fabricants d’aérogénérateurs, les risques de pollution des sols et des nappes phréatiques ne sont pas négligeables. L’étude d’impact environnementale se veut rassurante sur ce point :

  • Les fondations des éoliennes seront isolées par une géomembrane. Les géomembranes sont des géosynthétiques assurant une fonction d’étanchéité. Elles sont utilisées en génie civil notamment pour éviter la migration de polluants dans le sol (étude d’impact environnementale page 64).

  • Des mesures seront prises pour gérer les éventuels fuites ou déversements accidentels d’huiles et d’hydrocarbures afin de ne pas provoquer de ruissellement de polluants vers les ruisseaux environnants (Sensée, …) mais aussi le long des talwegs : gestion immédiate des terres souillées, imperméabilisation temporaire de certaines surfaces d’évolution des engins, … Après la mise en place de ces mesures, l’impact du chantier sur l’hydrologie sera négligeable. De plus, l’emprise au sol des éoliennes est telle que les impacts durant la phase exploitation sur les cours d’eau sont également négligeables (étude d’impact environnementale page 204) .

  • Durant la phase d’exploitation, les éoliennes sont équipées de détecteurs d’huile prévenant de toute fuite. Des graisses à haute viscosité sont utilisées préférentiellement pour limiter l’absorption dans le sol en cas de fuite. Enfin, des dispositifs de collecte et de récupération sont présents dans les éoliennes en cas de fuite, notamment des kits de dépollution permettant d’absorber 20 litres en cas de déversements accidentels (étude d’impact environnementale page 279).

 

L’étude de dangers confirme ces mesures de sécurité pour la prévention et la rétention des fuites (page 62) : détecteurs de niveau d’huiles, systèmes d’étanchéité, dispositifs de collecte/récupération, procédure d’urgence, kit antipollution … En revanche, elle ne fait aucune allusion à certaines mesures annoncées dans l’étude d’impact environnementale : d’une part l’isolation préventive des fondations avec des géomembranes, d’autre part les mesures de gestion immédiate des terres souillées et d’imperméabilisation temporaire de certaines surfaces d’évolution des engins en cas de fuite.

Pourquoi ces mesures ne sont-elles pas confirmées dans l’étude de dangers ? C’est d’autant plus inquiétant lorsqu’on découvre ce qui est précisé page 64 :

En cas d’infiltration d’huiles dans le sol, les volumes de substances libérées dans le sol restent mineurs. Ce scénario peut ne pas être détaillé dans le chapitre de l’étude détaillée des risques sauf en cas d’implantation dans un périmètre de protection rapprochée (PPR) d’une nappe phréatique (étude de dangers page 64).

En d’autres termes, le promoteur n’est pas dans l’obligation légale de détailler les mesures qu’il prendrait (ou pas) en cas de fuites d’huiles dans le sol si le projet est situé hors périmètre de protection rapprochée (PPR)… et par conséquent il ne les détaille pas…

 

Nous avons interrogé à ce sujet Jacques Ricour (ancien expert auprès des Tribunaux et Hydrogéologue agréé)[1], dont l’avis est très réservé :

  • « Si le risque d’accident avec pollution des sols et des nappes par une éolienne reste faible en termes de fréquence (1/300 par éolienne ou de 1/50 pour 6 éoliennes), la multiplication de ces installations industrielles accroît d’autant ce risque. Un aérogénérateur contient environ 1 tonne de fluides industriels qui n’est pas maîtrisée en cas d’accident par les services de secours du fait de la hauteur des éoliennes et de leur éloignement des réseaux d’incendie. »

Concernant les incendies, l’étude de dangers se contente de préciser que «  » (page 36)

  • Sur le plan hydrogéologique la nappe de la craie exploitée au niveau de la vallée de la Sensée et de l’Hirondelle est très sensible aux risques de pollution superficielle, « car le réservoir aquifère n’est recouvert que très localement par une couverture argileuse et sableuse d’âge tertiaire, voire par des limons. Cette couverture a été profondément altérée par la ligne de front de la guerre de 1914-1918 avec des sapes de guerre, galeries, fourneaux qui ont pu rompre sa continuité. Les nombreuses munitions - dont plus du tiers n’ont pas explosé - ont pu par ailleurs laisser une signature géochimique (chlorate et perchlorate) dans la nappe de la craie qui pourrait empêcher son exploitation localement et conduire à la fermeture de captages (voir à ce sujet les travaux de voir travaux de Daniel Hubé du BRGM, et les mesures effectuées par les ARS dans le grand quart Nord-Est de la France). De ces observations, il ressort qu’il faut donner la priorité à la préservation des ressources en eaux de qualité de plus en plus rares ».

Les structures en charge de l’assainissement des eaux ont-elles été consultées à ce sujet ? (NOREADE – Communauté d’agglomération du Douaisis)

 

Cavités souterraines, risques d’effondrement et de remontée de nappe :

 

Risques d’inondation :

 

Extraits des études réalisées :

  • La zone du projet de la Sensée est exposée à un risque de remontée de nappe jugé de faible à très faible pour l’ensemble du secteur. La partie nord-est présente une sensibilité plus élevée liée à la présence d'une nappe subaffleurante. Ceci s’explique par la présence d’un vallon sec susceptible d’être partiellement (inondé) en eau  en période hivernale. (étude d’impact environnementale page 91)

  • Seules les éoliennes E3 et E6 ainsi que les postes de livraison intègrent une zone potentiellement sujette aux inondations. Les postes de livraison seront surélevés afin que le vide technique ne soit pas sous le terrain naturel. (étude de dangers page 19)

  • Plusieurs autres agressions externes qui ont été détaillées dans l’état initial peuvent être exclues de l’analyse préliminaire des risques car les conséquences propres de ces évènements, en termes de gravité et d’intensité, sont largement supérieures aux conséquences potentielles de l’accident qu’ils pourraient entrainer sur les aérogénérateurs. Le risque de sur-accident lié à l’éolienne est considéré comme négligeable dans le cas des évènements suivants : Inondations, … (étude de dangers page 57).

 

Si le risque de remontée de nappe est en effet faible à très faible sur les parcelles et chemins d’accès aux éoliennes, en revanche la carte dynamique geo-ide risques sur le site de la Préfecture du Pas-de-Calais relève un risque fort à très élevé sur la route départementale D 936 entre le chemin d’accès au poste 1 et l’arrivée au poste 2.

 

L’étude d’impact environnementale précise que la liaison électrique entre le poste de livraison et le poste source (réseau ENEDIS) est assurée par des câbles souterrains enfouis dans des tranchées le long des chemins et des routes (page 62), que le poste source le plus proche est celui de Marquion (page 224), et que les câbles armés de 20 kV qui relient les éoliennes, les postes de livraison et le poste source seront enterrés (page 229).

 

Selon Marie-Stella Duchiron (Docteur en sciences, Ingénieur du génie rural, des eaux et des forêts) :

Le risque majeur de l’enterrement des lignes est la formation de courants vagabonds dans le sol à partir du moment où des nappes d’eau sont présentes sur le passage des lignes (Colloque du 16 novembre 2018 : La santé des hommes et des animaux face aux infrasons produits par les éoliennes - page 25).

 

Sachant que l’enterrement de lignes électriques peut provoquer la formation de courants vagabonds, dont les effets sur les animaux et les personnes électro-hypersensibles sont reconnus (Voir Electro-hypersensibilité page 31), le promoteur peut-il garantir qu’il n’existe aucun risque pour la faune sauvage terrestre, les randonneurs, les cultivateurs et les riverains ?

 

Retrait et gonflement des argiles :

 

Description du phénomène de retrait-gonflement des sols argileux (Site Géorisques.gouv.fr) :

Les sols argileux possèdent la propriété de voir leur consistance se modifier en fonction de leur teneur en eau. Ainsi, en contexte humide, un sol argileux se présente comme souple et malléable, tandis que ce même sol desséché sera dur et cassant. Des variations de volume plus ou moins conséquentes en fonction de la structure du sol et des minéraux en présence, accompagnent ces modifications de consistance. Lorsque la teneur en eau augmente dans un sol argileux, on assiste à une augmentation du volume de ce sol, on parle alors de « gonflement des argiles ». Au contraire, une baisse de la teneur en eau provoquera un phénomène inverse de rétractation ou « retrait des argiles ».

 

Etude de dangers (page 20) :

Le périmètre d’étude de dangers est soumis à un aléa « faible » à « fort » pour le retrait et le gonflement des argiles. Ce point sera confirmé ou infirmé par la réalisation de sondages préalablement à la phase de travaux.

 

L’arrêté ministériel du 22 juillet 2020 définit le contenu des études géotechniques à réaliser dans les zones exposées au phénomène de mouvement de terrain différentiel consécutif à la sécheresse et à la réhydratation des sols (une étude préalable et une étude de conception).

 

Les éoliennes étant des ICPE (Installations classées pour la protection de l’environnement), elles ne constituent pas des bâtiments au sens des dispositions de l’article R111-17 du code de l’urbanisme.

Même si les projets éoliens ne semblent donc pas soumis à cet arrêté ministériel, sont-ils pour autant dispensés de réaliser une étude géotechnique en phase d’étude ?

 

D’après le site Géorisques, les deux facteurs de prédisposition prépondérants à l'apparition du phénomène sont d’une part la proportion de matériaux argileux dans le sol et d’autre part le contexte hydrogéologique, notamment la présence d'une nappe phréatique à faible profondeur et des circulations saisonnières d'eaux souterraines à profondeur relativement faible.

 

Or, l’étude de dangers précise (page 19) que les éoliennes E3 et E6 ainsi que les postes de livraison intègrent une zone potentiellement sujette aux inondations, et que les postes de livraison seront surélevés afin que le vide technique ne soit pas sous le terrain naturel. Quelles sont les mesures envisagées pour les éoliennes E3 et E6 ?

 

Sachant que sur le plan hydrogéologique le réservoir aquifère de la nappe de la craie exploitée au niveau de la vallée de la Sensée et de l’Hirondelle n’est recouvert que très localement par une couverture argileuse et sableuse d’âge tertiaire (voir plus haut), quelles sont les mesures envisagées pour l’ensemble du parc éolien ?

Cavités souterraines, risques d’effondrement :

 

Extraits des études réalisées :

  • Au sein des trois communes d’implantation, six cavités souterraines sont inventoriées  : une sape de la première guerre mondiale à Récourt, une carrière de craie et deux sapes de la première guerre mondiale à Dury, un ouvrage civil (souterrain refuge) et une sape de la première guerre mondiale à Etaing. (étude d’impact environnementale page 91, étude de dangers page 19)

  • Aucune cavité n’est recensée au niveau du périmètre d’étude de dangers (étude de dangers page 20).

 

Cependant, la carte dynamique geo-ide risques sur le site de la Préfecture du Pas-de-Calais relève aussi 5 cavités non-localisées (sapes de guerre) sur les 3 communes concernées qui ne sont pas mentionnées dans les études :

 

Sachant que les cavités non-localisées sont souvent des sapes de guerre non-encore documentées (l’étude des archives est toujours en cours dans les différents pays impliqués), il est possible que les ouvrages rencontrent une ou plusieurs sapes de guerre ainsi que des munitions qui n’ont pas explosé, ce qui compliquerait sérieusement leur conception. Dans tous les cas le déminage préalable des terrains s’avère indispensable avant tous les travaux et un dimensionnement géotechnique adéquat avec suivi des travaux par un organisme indépendant est nécessaire compte tenu de la spécificité du site. Quelles sont les mesures prévues pour pallier ce risque ?

En conclusion :

 

La nappe de la craie exploitée au niveau de la vallée de la Sensée et de l’Hirondelle est très sensible aux risques de pollution superficielle, et a été profondément altérée durant la grande guerre par des ouvrages militaires (sapes de guerre).

 

Sachant que le risque d’inondation est très élevé sur la route départementale D 956 et les chemins d’accès aux abords des postes de livraison, et que l’enterrement de lignes électriques peut provoquer la formation de courants vagabonds, le promoteur peut-il garantir qu’il n’existe aucun risque pour la faune sauvage terrestre, pour les randonneurs, les cultivateurs ou les riverains ?

 

Sachant que :

  • les ouvrages peuvent rencontrer une ou plusieurs sapes de guerre non-localisées ainsi que des munitions qui n’ont pas explosé,

  • le périmètre d’étude de dangers est propice au phénomène de retrait et gonflement des argiles,

  • le risque en cas d’accident est difficilement maîtrisé par les services de secours du fait de la hauteur des éoliennes et de leur éloignement des réseaux d’incendie,

  • le promoteur n’étant pas dans l’obligation légale de détailler les mesures qu’il prendrait (ou pas) en cas de fuites d’huiles dans le sol hors périmètre de protection rapprochée (PPR), aucune mesure particulière n’est évoquée dans l’étude de dangers,

 

  • Quelles sont les mesures envisagées par ENGIE Green pour pallier ces risques ?

  • Les structures en charge de l’assainissement des eaux ont-elles été consultées ? (NOREADE - Communauté d’Agglomération du Douaisis)

 

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VI. ABSENCE DE CONSULTATION ET DÉSINFORMATION DE LA POPULATION

Consultation de la population en amont :

 

Extrait de l’historique des étapes du projet (étude d’impact pages 37 et 38) :

  • 2012 : Contact avec les mairies de Récourt, Dury et Etaing pour les informer de l’existence d’une zone répondant aux critères d’implantation d’éoliennes.

  • 2013 : Présentation de la zone à la Communauté de communes Osartis ainsi qu’aux différents conseils municipaux afin qu’ils décident ou non de développer un projet éolien et si oui avec quelle société.

  • 2014/2015 : Délibérations favorables pour un projet éolien sur les communes de Récourt, Dury et Etaing et par la suite lancement de la sécurisation foncière et des différentes études environnementale, paysagère et acoustique - Consultations de différents services de l’Etat - Nouvelle réunion avec la Communauté de communes afin de faire un point sur l’avancement des projets d’ENGIE Green (anciennement Maia Eolis) sur son territoire.

  • 2017 : Reprise du projet après levée de la contrainte du VOR de Cambrai.

  • Juin à septembre 2018 : 4 permanences d’information ont été réalisées dans les communes de Récourt, Dury et Etaing à destination des riverains de ces trois communes ainsi que ceux de la commune de Lécluse. L’ensemble des habitants des communes d’Etaing, Récourt, Dury et Lécluse ont été informés de la tenue de ses permanences par le biais d’un affichage en mairie et la distribution de flyers dans les boîtes aux lettres.

  • Fin 2018 : Réunion avec les Associations Foncières de Remembrement de Dury et Récourt pour l’utilisation de certains de leurs chemins (lors de la construction et de l’exploitation du parc) - Envoi d’une lettre d’information aux riverains des communes d’implantation et des communes se situant dans un rayon de 6 kms autour du projet pour les informer sur le projet et leur indiquer les futures étapes à venir, pour répondre aux interrogations posées lors des permanences et également laisser la possibilité de poser d’autres questions via une adresse mail dédiée au projet.

 

Dès 2014-2015, en accord avec OSARTIS, les conseils municipaux des trois communes concernées ont donc officiellement approuvé par délibération le projet de parc éolien, sans jamais avoir pris la peine de consulter la population.

 

Dans son étude publiée en juillet 2019, la DREAL Hauts de France préconise en conclusion (page 20) : « une démarche de concertation, de démocratie participative avec habitants, associations et acteurs locaux, et éventuellement développeurs, en amont du projet, notamment pour éviter les situations de blocage de dossiers éoliens qui ne sont pas acceptés localement, mais qui ne peuvent pas être refusés légalement. Le Paysage est issu de la co-construction avec des acteurs du territoire et ne peut être fait sans eux. Le constat est fait aujourd’hui d’un "désir" de démocratie dans la transition énergétique, du besoin d’une "adhésion heureuse" de nos concitoyens (Colloque Transition énergétique par le paysage – 11/07/2018). Cette démarche répond aussi au sentiment parfois exprimé par les habitants d’un déni de démocratie, ou l’impression que le développement éolien se fait sans prendre en compte leur avis »…

 

Contrairement à ce que préconise la DREAL, aucune démarche de concertation ni de démocratie participative n’a été engagée en amont avec les habitants des trois communes, qui ont été mis devant le fait accompli…

 

Information de la population en aval :

 

Distribution de flyers pour informer les habitants de la tenue des permanences d’information :

 

Suite à la distribution de flyers dans les boîtes aux lettres d’Etaing, Récourt, Dury et Lécluse :

  • 10 personnes se sont présentées à la permanence du 27 juin 2018 de 16h à 18h à Récourt,

  • 5 personnes se sont présentées à la permanence du 3 juillet de 16h à 18h à Etaing,

  • 7 personnes se sont présentées à la permanence du 10 juillet de 11h à 15h à Dury.

Cependant, le Maire d’Etaing a informé ENGIE Green qu’aucun habitant n’avait reçu de flyers dans sa boîte aux lettres, les personnes qui sont venues ayant été informées par des membres du conseil municipal. Une quatrième permanence publique a donc été programmée le 17 septembre 2018 de 17h30 à 18h30 à Etaing (avec un renvoi de flyers dans les boîtes aux lettres d’Etaing, Dury, Récourt et Lécluse) , à laquelle se sont déplacées une trentaine de personnes, dont Monsieur Charles Beauchamp, Président de la CLE du SAGE de la Sensée.

De toute évidence, la distribution des flyers ne s’est pas déroulée de manière satisfaisante puisqu’aucun habitant d’Etaing ne les a reçus lors de la 1ère distribution, et il est possible qu’il en soit de même pour les habitants de Récourt et Dury. La deuxième distribution a-t-elle été effectuée plus sérieusement que la première ? Impossible de le savoir sauf à croire ENGIE Green sur parole …

 

Distribution d’une lettre d’information en réponse aux remarques :

 

Extrait de l’étude d’impact (page 37) :

Afin de répondre aux interrogations exprimées dans les différents cahiers de questions mis à disposition des riverains suite aux permanences d’information, ENGIE Green a réalisé une lettre d’information à destination de l’ensemble des habitants des communes dans un rayon de 6 km autour du projet. Cette lettre a été distribuée dans les boîtes aux lettres. Elle récapitule l’ensemble des caractéristiques du projet ainsi que les étapes à venir. Elle répond également aux interrogations exprimées dans les cahiers de questions. ENGIE Green a créé une adresse mail générique afin que les habitants puissent poser leurs questions par le biais de celle-ci. ENGIE Green s’engage à répondre dans un délai de 3 mois.

 

Parmi la cinquantaine de personnes qui se sont présentées aux 4 permanences, 10 personnes se sont exprimées par écrit sur le cahier de question (pages 43 à 48) : aucune personne ne s’est exprimée en faveur du projet, 3 personnes ont posé des questions diverses, et  6 personnes ont exprimé leur forte opposition au projet.

 

Or, nous avons interrogé dans un premier temps par courriel une cinquantaine d’habitants des communes concernées : toutes les personnes qui nous ont répondu par mail ont affirmé qu’elles étaient certaines de n’avoir reçu ni le flyer cette lettre d’information ou n’avaient aucun souvenir de l’avoir reçu.

Nous avons donc décidé d’interroger tous les habitants à ce sujet durant le porte à porte organisé dans chacune des trois communes concernées pour la signature des pétitions. Nous avions prévu des feuilles séparées afin que les personnes puissent répondre aux deux questions suivantes :

  1. Avez-vous reçu d’ENGIE Green dans votre boîte aux lettres entre mai et juillet 2018 un flyer annonçant les réunions d’information ? (Oui/Non/ ?)

  2. Avez-vous reçu fin décembre 2018 ou début janvier 2019 une lettre d’information en 4 pages sur le projet ? (Oui/Non/ ?)

 

Résultats sur 87 personnes ayant complété la liste (Annexe 9 en pièce jointe au dossier) :

  • 38 personnes affirment ne pas avoir reçu le flyer sur 44 ayant répondu à la question (86,36%) et 36 personnes affirment ne pas avoir reçu la lettre d’information sur 43 ayant répondu à la question (95,56%),

  • 4 personnes affirment avoir reçu le flyer mais pas la lettre d’information,

  • 2 personnes d’Etaing affirment avoir reçu la lettre d’information,

  • 43 personnes n’ont pas répondu à la question pour le flyer, et 42 pour la lettre d’information : ils ne se souviennent pas, ils n’en sont pas certains, ou on ne leur a pas posé la question faute de temps.

 

En outre, tous les habitants du nouveau lotissement interrogés affirment ne pas avoir été informés du projet de parc éolien lorsqu’ils ont acheté le terrain, ou simplement à l’oral de manière très évasive le jour de la signature du contrat. (Cf. ML, membre du conseil municipal : « Nexity nous a dit oralement le jour de la signature du terrain en janvier 2019 qu’il y avait un éventuel projet éolien à venir sur la commune de Récourt. »)

Extrait de la lettre d’information (page 3) :

Les conseillers municipaux des trois communes ont donné un avis favorable pour réaliser des études de faisabilité. En 2019 les communes se prononceront sur une promesse de convention de servitude afin qu’ENGIE Green puisse emprunter les chemins communaux et également envisager le passage de câbles souterrains pour le raccordement électrique au réseau.

 

Pourtant, comme le mentionne l’étude d’impact page 38 (voir plus haut), les communes avaient délibéré  bien avant 2019 en faveur du projet éolien et non pas simplement pour réaliser des études de faisabilité :

  • Dès le 29 février 2016 et non pas en 2019, après délibération le conseil municipal d’Etaing avait donné son accord de principe pour le projet, et autorisé le maire à signer tous documents nécessaires ou utiles en vue de garantir le bon déroulement des phases de développement, de construction et d’exploitation du parc éolien (Délibération du conseil municipal d’Etaing du 29 février 2016).

  • Par décisions du 17/10/2014, 27/10/2014 et 01/02/2018 et non pas en 2019, le conseil municipal de Récourt avait déjà donné un avis favorable à l’implantation du parc éolien. Le 23 février 2018, après délibération le conseil municipal a voté à l’unanimité pour la modification du PLU permettant la construction du parc éolien, pour la signature par le maire des promesses de servitude de passage, de passage de câbles et éventuellement de survol de pales, l’utilisation des voies communales et autres voies dépendant du domaine public, et le passage du réseau souterrain.

 

Les termes employés dans la lettre d’information sont donc mensongers, et démontrent l’intention manifeste de masquer la réalité des faits à la population :

  • ENGIE Green ne dit pas que les conseils municipaux ont donné leur accord pour le projet éolien, mais pour des études de faisabilité.

  • ENGIE Green laisse entendre que les communes se prononceront en 2019, après la campagne d’information à la population, alors qu’elles s’étaient déjà prononcées en faveur du projet en 2014/2015, et en faveur des promesses de conventions de servitude entre février 2016 et février 2018.

 

Les premiers opposants au projet :

 

Si les observations de quelques participants aux permanences d’information sont bien consignées dans l’étude d’impact, ENGIE Green ne mentionne à aucun moment certaines oppositions au projet de parc éolien qui ont pourtant été exprimées de manière officielle :

 

  • 14 juin 2014 : délibération du CCAS de Lécluse. Le CCAS, qui a été sollicité par des promoteurs en tant que propriétaire de terrains sur le territoire de Récourt, vote à l’unanimité contre ce projet d’éoliennes sur ce territoire.

  • 10 octobre 2018 : courrier de Monsieur Charles Beauchamp, Président de la CLE du SAGE de la Sensée, à Monsieur Sébastien Baussaron, Responsable développement antenne Nord ENGIE Green. Monsieur Beauchamp rappelle que la commune de Lécluse s’est prononcée à plusieurs reprises contre le projet éolien, exprime ses réserves sur ce projet situé en vallée de Sensée riche en étangs et zones humides abritant des espèces faunistiques rares et des espèces migratrices qui pourraient être perturbées par les éoliennes, et rappelle enfin que la vallée de la Sensée est le château d’eau du Nord et du Pas-de-Calais.

  • 14 janvier 2019 : courrier de Madame Nicole DESCAMPS, Maire de Lécluse, à Monsieur Sébastien Baussaron (ENGIE Green). Madame Descamps rappelle l’opposition de la commune de Récourt et du CCAS à tout projet éolien proche du monument historique le menhir de Lécluse et à proximité du bois de Lécluse qui renferme une héronnière, en raison de la triple pollution visuelle, auditive et écologique qui en résulterait malgré le respect des distances légales.

  • 8 février 2019 : courrier de Monsieur Xavier BERTRAND, Président de la région Hauts de France, à Monsieur Michel LALANDE, Préfet de région. Suite au courrier qui lui a été adressé par la Maire de Lécluse concernant le projet éolien de la Sensée, le Président de région rappelle au Préfet de région qu’il est défavorable à l’implantation de nouvelles éoliennes sur le territoire des Hauts de France, qu’il souhaite que dorénavant soient développées d’autres énergies renouvelables pour rééquilibrer le mix énergétique, et lui demande de prendre en compte la requête de la mairie de Lécluse.

  • Décision du 4 mars 2019 du Président du Tribunal Administratif de Lille concernant la Procédure de modification des PLU des communes de Dury–Etaing-Récourt (page 9) :

- La commune de Lécluse (Nord) ne formule aucune observation sur le projet de modification des PLU mais réaffirme son entière désapprobation sur le projet de parc éolien.

- La commune d’Ecourt St Quentin émet un avis défavorable à la modification des PLU entraînant l’implantation d’éoliennes.

 

Pourquoi cette forte opposition au projet, notamment celle de la commune de Lécluse qui abrite un monument historique fortement impacté par le parc éolien, opposition soutenue par le Président de la CLE du SAGE de la Sensée et par le Président de la région Hauts de France, est-elle ignorée par ENGIE Green ?

 

En conclusion  :

 

  • Les communes de Dury, Etaing et Récourt avaient déjà donné leur accord pour le projet éolien bien avant la communication des éléments d’information aux habitants. L’information en aval avait pour seul objectif de « faire passer la pilule » auprès de la population …

  • La campagne d’information organisée après que les communes aient accepté le projet s’est déroulée de manière plus que contestable. Beaucoup d’habitants n’ont reçu ni le flyers annonçant les permanences, ni la lettre d’information après les permanences.

  • La lettre d’information donne une version erronée de la réalité en faisant croire à la population que les communes n’ont pas encore approuvé le projet et qu’elles signeront les conventions de servitude après la campagne d’information.

  • L’opposition au projet de la commune et du CCAS de Lécluse, soutenue par le Président de la CLE du SAGE de la Sensée et par le Président de la région Hauts de France, est totalement passée sous silence par ENGIE Green.

 

Plutôt que de consultation et d’information, les éléments qui précèdent montrent à l’inverse que la campagne organisée par ENGIE Green auprès de la population est caractérisée par une absence de consultation en amont et une désinformation en aval…

Dans ces conditions, les responsables du projet auront-ils le cynisme d’affirmer que la participation et l’opposition de la population ont été insignifiantes durant la campagne d’information ?

Faut-il s’ étonner que la population ait parfois le sentiment « d’un déni de démocratie, ou l’impression que le développement éolien se fait sans prendre en compte leur avis » (Cf. étude DREAL 2019) ?

 

 

VII. L’OPPOSITION AU PROJET DURANT L’ENQUÊTE PUBLIQUE

1. Le collectif ASPECT Val de Sensée

 

Le collectif a été créé début mars 2021 par son fondateur.

A peine deux mois plus tard, le 30 avril 2021, il comptait 202 membres inscrits. A cette même date, la page Facebook du collectif comptait 237 abonnés et 8201 personnes ayant consulté la page.

Le 18 mai 2021 à 12h15, le collectif comptait 256 membres inscrits, la page Facebook du collectif comptait 328 abonnés et 23015 personnes avaient consulté la page.

 

Il est important de préciser que cette page avait pour objectif d’informer et de mobiliser la population locale au sujet du projet de Parc éolien de la Sensée en particulier, et non pas d’offrir une nouvelle tribune aux détracteurs de l’industrie éolienne terrestre de manière générale.

Le nombre important de vues, de partages et d’interactions, de même que l’absence de tout commentaire favorable au projet, démontrent le soutien unanime de la population apporté au collectif et l’opposition au projet.

 

2. Les courriers de personnalités et présidents d’associations

 

  • Courrier du 12 avril 2021 de Monsieur Xavier BERTRAND, Président de la Région des Hauts de France, à Monsieur Louis LE FRANC, Préfet du Pas-de-Calais (copie à Bertrand LECOCQ, Fondateur du collectif ASPECT Val de Sensée) :

Monsieur Xavier BERTRAND rappelle la volonté du Conseil régional « d’encourager le développement d’autres EnR comme les énergies hydrolienne, hydraulique, solaire et de la méthanisation », et fait part de « l’opposition du Conseil régional à la réalisation du projet d’implantation (du parc éolien de la Sensée) sur le territoire des communes de Dury, Etaing et Récourt ».

 

  • Courrier du 17 avril 2021 de Monsieur Hubert DEGRÈVE, Président de l’Association des maires ruraux du Pas-de-Calais, à Monsieur Louis LE FRANC, Préfet du Pas-de-Calais Calais (copie à Monsieur Joël GIRAUD, Ministre de la Ruralité) :

Monsieur Hubert Degrève rappelle que la Région assure déjà 30% de la production éolienne en France, que la vallée de Sensée accueille des milliers de visiteurs, de par son environnement naturel et ses mégalithes, et souligne les aspects négatifs et nuisances potentielles d’un tel projet pour les riverains, les paysages, l’environnement et l’avifaune en particulier.

 

  • Courrier du 26 avril 2021 de Monsieur Charles BEAUCHAMP, Président de la CLE du SAGE de la Sensée, à Monsieur Paul RAOULT, Président du Conseil d’administration de NOREADE, et à Monsieur Christian POIRET, Président de la Communauté d’agglomérations du Douaisis :

Monsieur Charles BEAUCHAMP rappelle l’opposition de la commune de Lécluse et les impacts possibles sur les espèces faunistiques de la vallée de la Sensée, puis évoque l’avis de la MRAe qui souligne les nombreux aspects négatifs du projet, ainsi que les craintes du collectif concernant les risques de pollution du sol et les impacts sur les couloirs de migration des oiseaux. En conclusion, Monsieur Beauchamp attire l’attention du Préfet « sur ce projet qui peut porter atteinte à la richesse de la vallée de la Sensée et à la qualité de sa ressource en eau ».

 

  • Courrier du 14 mai 2021 de Monsieur Frédéric NIHOUS, Conseiller Régional délégué à la Politique de l’Energie, la Transition énergétique et la Rénovation énergétique des logements, à Monsieur le Commissaire enquêteur :

Monsieur Frédéric NIHOUS réaffirme l’opposition de la Région Hauts de France à tout développement de parcs éoliens sur le territoire régional et au projet éolien de la Sensée. Il rappelle que notre région représente 8% du territoire national, 10% de sa population mais 27% de la production éolienne nationale, que le mix énergétique doit désormais privilégier les autres sources d’énergie verte existantes, et que l’implantation de ce parc éolien aurait des impacts néfastes en vallée de Sensée sur le plan paysager, touristique, sanitaire et écologique.

 

  • Courrier du 14 mai 2021 de Monsieur Teddy LE GALLAIS, Président de l’association des sauvaginiers de Lécluse, à Monsieur le Commissaire enquêteur.

 

  • Courrier du 15 mai 2021 de Monsieur Mickaël MARCANT, Président de l’Amicale des huttiers de la Vallée de la Sensée, à Monsieur le Commissaire enquêteur.

L’Amicale des huttiers de la Vallée de la Sensée est une association qui fédère l’ensemble des associations de huttiers et sauvaginiers de la Vallée de la Sensée.

 

  • Courrier du 17 mai 2021 de Monsieur Denis LAMY, Président de l’APEPAC, à Monsieur le Préfet et Monsieur le Commissaire enquêteur :

L’APEPAC (Association pour la Protection de l’Environnement et pour la Promotion des Arts et de la Culture), est une association Goeulzinoise à rayonnement régional créée en 1992 qui compte environ 300 adhérents, subventionnée par la région Hauts de France et les départements du Nord, du Pas-de-Calais et de l’Aisne.

 

  • Courrier du 17 mai 2021 de Monsieur Bruno DUVERGÉ, Député de la 1ère circonscription du Pas-de-Calais, à Monsieur le Commissaire enquêteur, avec copie à Monsieur le Préfet du Pas-de-Calais :

Monsieur Bruno DUVERGÉ a présenté en 2019 un rapport parlementaire sur les freins à la transition énergétique. Il rappelle que plus d’un tiers des éoliennes françaises se trouvent dans notre région, que la fermeture de la base aérienne d’Epinoy a provoqué la concentration de nombreuses éoliennes sur une même zone et l’exaspération de la population, et qu’il était nécessaire de maîtriser et mesurer les différentes productions pour atteindre un équilibre. Les projets éoliens étant trop nombreux sur le secteur, Monsieur DUVERGÉ s’oppose à ce projet.

 

  • Courrier du 18 mai 2021 de Monsieur Lionel DAVID, Maire de Brebières, à Monsieur Bertrand LECOCQ, Fondateur du collectif ASPECT Val de Sensée :

Monsieur Lionel DAVID indique qu’il souhaite organiser un référendum dans sa commune au sujet d’un projet de parc éolien, et félicite le collectif ASPECT Val de Sensée d’avoir eu cette initiative sur les communes de Dury, Etaing et Récourt, car selon lui « il est capital de suivre l’avis des populations concernées ». Monsieur DAVID souscrit à l’analyse du collectif et constate les impacts majeurs du projet de Parc éolien de la Sensée.

 

3. Les articles de journaux

 

  • Article de Bruno PLACE publié le 22 avril 2021 dans l’Observateur du Douaisis et le 29 avril 2021 dans l’Observateur de l’Arrageois : « OPPOSÉS AUX ÉOLIENNES – Un collectif vent debout contre le parc éolien ».

 

  • Article de Corentin PINGUET publié le 28 avril 2021 dans l’Avenir de l’Artois : « UN PROJET DE SIX ÉOLIENNES SOUMIS À ENQUÊTE PUBLIQUE ».

 

  • Article de Thomas BOURGOIS publié le 11 mai 2021 dans la Voix du Nord (éditions Arras et Douai) : « LA CONTESTATION GRANDIT CONTRE UN PROJET DE SIX ÉOLIENNES ».

 

  • Article de Bruno PLACE publié le 12 mai 2021 dans l’Observateur du Douaisis et de l’Arrageois : « ÉOLIENNES DU VAL DE SENSÉE : ENGIE répond ».

ENGIE rappelle qu’il y a eu concertation avec les mairies de Dury, Etaing et Récourt dès 2012, et qu’une lettre d’information a été envoyée aux habitants de ces communes en 2018, mais les conseils municipaux avaient donné leur accord pour le projet bien avant la communication des éléments d’information aux habitants, qui n’ont pas été consultés en amont (Voir partie VI : « Absence de consultation en amont et désinformation en aval »). ENGIE répond ensuite sur la régularité du dossier et la partialité des bureaux d’étude. A aucun moment la régularité du dossier n’a été remise en cause dans l’article précédent ; il fallait comprendre que le collectif trouvait surprenant que le dossier ait été considéré recevable compte-tenu des défauts constatés dans le dossier par la MRAe et par le collectif.

Quant à la partialité des bureaux d’étude, n’y a-t-il pas conflit d’intérêt puisqu’ils sont mandatés et rémunérés par le promoteur ? Ne devraient-ils pas être désignés suite à appel d’offre par la Préfecture ou les services instructeurs ?

 

4. Les pétitions et les banderoles

 

Les pétitions et le sondage d’opinion dans les communes de Dury, Etaing et Récourt :

  • Une pétition a circulé dans chacun des trois villages, accompagnée d’une lettre personnalisée résumant les motifs de l’opposition au projet et détaillant les impacts paysagers spécifiques à chaque commune. Toutes les maisons ont été visitées par quelques volontaires du collectif, qui y ont consacré bon nombre de samedis et soirées pendant plusieurs semaines. La tâche n’a pas été facile en raison du confinement et du couvre-feu, d’autant qu’il était indispensable de respecter les gestes sanitaires et les règles de distanciation en vigueur.

  • Malgré plusieurs tentatives, il n’a pas été possible de rencontrer certains habitants : maisons non-habitées, sans sonnette, personnes absentes, personnes malades, personnes présentes qui ne répondent pas, ou qui ne souhaitent pas s'exprimer… A toutes ces maisons, nous avons laissé un message écrit dans les boîtes aux lettres afin que les habitants puissent fixer un rendez-vous pour signer la pétition ou faire connaître leur avis à distance au cas où ils seraient favorables au projet ou sans avis.

  • Pour la très grande majorité des foyers visités, l’accueil de la population a été excellent. Les habitants nous ont très souvent remerciés, ils se sont montrés particulièrement inquiets et ont posé beaucoup de questions. Outre les impacts négatifs du projet sur le cadre de vie, l’environnement et la faune volante en particulier, voici les impressions ou les remarques qui ont été le plus souvent exprimées :

- Nous n’avons pas été consultés, on ne nous a pas demandé notre avis.

- Les conseils municipaux ne pensent qu’aux retombées économiques, mais pas aux habitants ni aux conséquences sur les paysages et l’environnement.

- L’argent que percevrait la commune ne compenserait en rien toutes les conséquences négatives. Nous n’avons pas choisi de vivre à la campagne pour bénéficier d’infrastructures de luxe. Si c’était  le cas on aurait choisi de vivre en ville. Le budget communal et nos impôts suffisent à assurer l’essentiel de nos besoins.

- Nous sommes contre ce projet, mais de toutes façons tout est déjà décidé et on ne peut rien y faire.

- Si j’avais su je n’aurais jamais acheté (nouveaux arrivants). Si ce projet se fait je vendrai et je partirai ailleurs. On a choisi de vivre à la campagne pour notre bien-être et celui de nos enfants, pour le cadre et la qualité de vie.

- Nous sommes pour les énergies renouvelables, mais pas n’importe où et n’importe comment. Notre région a déjà suffisamment donnée, il y a d’autres solutions qui ne sont pas assez utilisées (photovoltaïque sur les bâtiments et maisons). Il faut une répartition plus équitable au niveau national, il faut implanter les éoliennes loin des habitations, des villages et des zones naturelles.

  • Le collectif a soigneusement relevé et comptabilisé tous les avis exprimés :

- favorables au projet (Pour),

- sans avis, sans opinion ou ne souhaitant pas s’exprimer : ni pour ni contre (NPNC).

- Les personnes défavorables au projet (Contre) ont été invitées à signer la pétition. Seules les personnes majeures et résidant dans la commune ont signé.

Au-delà de la signature de la pétition, le porte à porte a ainsi permis au collectif de réaliser un sondage d’opinion.

 

LES RÉSULTATS SONT SANS APPEL :

 

82,44% des habitants des trois communes sont opposés au projet et 411 personnes majeures ont signé la pétition ! 9,32% sont favorables au projet et 8,24% restent neutres.

  • Malgré les difficultés liées au contexte sanitaire, le taux de participation est de 64,43%. A titre de comparaison le taux de participation était de 51,97% aux élections municipales de 2020.

  • Le nombre de foyers actuel pour Récourt a été communiqué par Madame Delannoy, maire de la commune. Les maires d’Etaing et de Dury n’ayant pas répondu à notre demande, nous avons retenu le nombre de foyers indiqué sur le site de l’INSEE (Etaing - LOG T1 Résidences principales ; Dury - LOG T1 Résidences principales). Les données étant de 2017, il y a peut-être quelques nouveaux arrivants mais aucun nouveau lotissement et beaucoup de maisons ne sont plus occupées.

Les pétitions dans les communes de Tortequesne, Lécluse et Eterpigny (limitrophes du projet) :

(listes des signatures en pièces jointes au dossier – Annexes 13.4, 13.5, 13.6))

 

De manière spontanée, les mairies de Lécluse et Tortequesne  ont mis à disposition des habitants la pétition personnalisée en mairie ou dans les commerces (Lécluse). A Eterpigny, c’est le maire de la commune en personne et ses adjoints qui ont effectué un porte à porte dans tout le village pour faire signer la pétition.

 

RÉSULTATS :

Lécluse : 98 signatures

Tortequesne : 79 signatures

Eterpigny : 132 signatures

Les pétitions dans les autres communes (format papier et en ligne) :

 

  • Une pétition en format papier a été réservée aux quelques personnes qui se sont manifestées spontanément auprès des membres du collectif mais qui n’étaient pas résidents dans les communes de Dury, Etaing et Récourt.

Cette pétition a recueilli 25 signatures.

  • Enfin, une dernière pétition a été mise en ligne le 10 mai 2021 à la demande de personnes qui n’avaient pas pu signer les pétitions en format papier.

En moins de 8 jours, le 18 mai 2021 à 12h15, cette pétition a recueilli 339 signatures.

 

Au total, les pétitions ont ainsi recueilli 1084 signatures.

Les banderoles et autres installations :

 

Plusieurs banderoles et autres installations ont été installées spontanément par des membres du collectif dans les communes de Dury, Etaing, Récourt et Lécluse.

5. Les délibérations du CCAS de Récourt, des conseils municipaux et l’avis d’OSARTIS (à consulter sur le site de l’enquête publique)

Au 18 mai 2021 :

  • Le CCAS de Récourt, propriétaire d’un terrain pressenti pour accueillir une éolienne, a délibéré CONTRE le projet.

  • 7 mairies sur 9 ont délibéré CONTRE le projet : Lécluse, Tortequesne, Ecourt-Saint-Quentin, Eterpigny, Oisy-le-Verger, Hamblain-les-Près, Pelves.

  • 2 mairies sur 9 ont délibéré POUR le projet : Hamel, Biache-Saint-Vaast,

  • La CCOM (Communauté de communes OSARTIS-Marquion) a émis un avis favorable au projet mais sans délibération.

 

Délibération du CCAS de Récourt du 30 avril 2021 CONTRE LE PROJET :

 

  • « Le CCAS de Récourt a signé le 25 janvier 2018 une convention d’accord foncier avec Engie Green pour l’accueil d’une éolienne sur un terrain dont il est le propriétaire (section ZC, parcelle 114). Faisant suite au dépôt du dossier de demande d’autorisation d’exploiter par la société en décembre 2020, le nouveau CCAS de Récourt a décidé à l’unanimité lors de la réunion du 02/03/2021 de se réunir à nouveau pour donner son avis dans le cadre de l’enquête publique. Après avoir délibéré et voté, par 5 voix CONTRE et 3 voix POUR, le CCAS de Récourt émet un AVIS DÉFAVORABLE pour le projet d’implantation du Parc éolien de la Sensée sur les communes de Dury, Etaing et Récourt. »

 

Délibération de la mairie d’Hamel du 10 avril 2021 :

 

  • Le conseil municipal d'Hamel a délibéré en faveur du projet éolien. Le maire Monsieur Jean-Luc Hallé a déclaré avant le vote que la commune ne subissait aucun impact direct (et tant pis pour les voisins). Monsieur le maire a-t-il oublié les impacts directs sur le site patrimonial remarquable (voir plus haut) et les étangs situés sur sa commune ? Les écologistes, randonneurs, sauvaginiers et huttiers, riverains et défenseurs de notre magnifique vallée de la Sensée apprécieront... Sachant que de nombreuses communes voisines sont très impactées, nous soulignerons cette remarquable démonstration de courage, d'altruisme et de solidarité du conseil municipal d'Hamel. A moins qu'il y ait une autre raison moins avouable ? Voici ce que l'on découvre sur le site du Syndicat mixte du SCOT Grand Douaisis (L’observatoire de l’environnement climat No. 2, page 5)... Un projet de parc éolien entre Arleux, Estrées et Hamel ? Le cas échéant on comprendrait mieux la position du conseil municipal...

 

  • Monsieur Hallé répond le 6 mai sur la page FB du collectif :  « Non le CM d'Hamel ne s'est pas prononcé pour les éoliennes. C'est vrai aussi que la délibération ne s'oppose pas non plus au projet. Tout simplement le principe depuis que je suis élu est de ne pas s'ingérer dans les affaires des autres communes. J'estime que le CM d'Hamel n'a pas à porter de jugement sur les décisions des autres conseils municipaux. ». Citons la délibération du conseil municipal d’Hamel du 10 avril 2021 : « Monsieur le Maire invite le conseil municipal à formuler  un avis sur le projet. Le conseil municipal après avoir entendu l'exposé de Monsieur le Maire, qui précise que la commune ne subit aucune nuisance directe, donne un avis FAVORABLE à la demande d'autorisation déposée par la société EOLIS LES MURIERS SAS ». Concernant le projet éolien entre Arleux, Estrées et Hamel, Monsieur Hallé écrit qu’il n'en a jamais entendu parler : « Pour la zone concernée par Hamel je n'ai jamais entendu parler de projet éolien », et affirme « que le Maire d'Hamel n'est pas favorable du tout à une telle perspective ».

Monsieur le maire est donc favorable à un projet éolien sur Dury, Etaing et Récourt, mais défavorable à un projet qui toucherait sa commune ?

 

Délibération de la mairie de Biache du 12 avril 2021 et avis d’OSARTIS-Marquion du 14 avril 2021 :

 

  • Le nouveau maire de BIACHE-SAINT-VAAST Hervé NAGLIK et son conseil municipal ont voté POUR le projet éolien de la Sensée, alors que leur village situé à plus de 5 km n’est pas impacté... A quand un projet éolien à proximité de l’étang de Biache ? Belle preuve de solidarité avec toutes les communes opposées au projet, qui elles en subiraient les effets... Monsieur NAGLIK aurait-t-il un intérêt politique en tant que 6ème Vice-Président d’OSARTIS, sachant que la CCOD (communauté de communes OSARTIS-Marquion) s’est aussi déclarée FAVORABLE au projet ?

 

  • Rien d’étonnant puisqu’OSARTIS collabore avec ENGIE Green depuis 2013 pour le faire aboutir. La CCOM, censée représenter ses 49 communes, a-t-elle demandé l'avis de toutes celles qui étaient opposées au projet, et qui en subiront les conséquences ? Il est vrai que la manne financière est considérable pour OSARTIS, qui d’après la Chambre régionale des comptes (page 15) a grand besoin d’équilibrer son budget de fonctionnement…

Mais la Chambre des comptes signale aussi des réserves pléthoriques de 10,2 millions d’euros qui ne correspondent pas à des besoins identifiés…

 

  • Faut-il aussi rappeler que Monsieur Pierre GEORGET, Président d'OSARTIS-Marquion, s'est opposé avec son conseil municipal, en tant que Maire de VITRY, à tout développement de projet éolien sur sa commune, rappelant l'opposition des communes limitrophes et l'avis défavorable du Conseil Régional ? (Compte-rendu du conseil municipal de Vitry-en-Artois du 23 décembre 2019, page 4)

Messieurs GEORGET et NAGLIK sont donc favorables à l'éolien dans nos petites communes, mais surtout pas chez eux !

 

  • Monsieur Jean-François LEMAIRE, maire de PALLUEL et 7ème Vice-Président d’OSARTIS, justifie l’avis d’OSARTIS en reprenant les arguments figurant dans le dossier du promoteur et en soulignant les retombées financières pour les communes (et pour la CCOM…), mais Monsieur LEMAIRE occulte totalement les impacts négatifs du projet sur l’environnement, les monuments historiques et le cadre de vie, pourtant signalés par l’Autorité environnementale de la Région des Hauts de France !

 

  • L’avis de la commune de PALLUEL n’a pas encore été publié. A l’inverse de ses voisins de LÉCLUSE, ECOURT-SAINT-QUENTIN, TORTEQUESNE, ETERPIGNY, PELVES, TORTEQUESNE, OISY-LE-VERGER, ETERPIGNY, HAMBLAIN-LES-PRÉS (et bientôt d’autres communes), Monsieur le maire de PALLUEL et son conseil municipal, tout comme à HAMEL, va-t-il oublier les étangs, les oiseaux sauvages, les paysages du Val de Sensée, les impacts possibles sur la santé, et l’intérêt de ses électeurs ?

 

Messieurs les élus, que de contradictions !

 

En conclusion :

 

Malgré les restrictions liées au confinement et au couvre-feu (réunions publiques et manifestations impossibles, déplacements restreints, respect des gestes sanitaires et règles de distanciation, …), cette forte mobilisation témoigne d’une opposition majoritaire de la population, non seulement dans les trois communes concernées (Dury, Etaing et Récourt) où 82,44% des habitants sont contre le projet, mais aussi dans les communes limitrophes et parfois au-delà.

Les délibérations des conseils municipaux des villages environnants témoignent aussi de l’opposition quasi unanime des élus.

Cette mobilisation démontre aussi que l’implantation de parcs éoliens provoque un rejet de plus en plus fort dans notre région, en particulier dans un contexte de saturation du  territoire et lorsqu’il s’agit d’un projet dont les impacts sur le patrimoine archéologique, les paysages, le cadre de vie et l’environnement sont trop importants.

CONCLUSION

Alors que la région des Hauts de France représente 8% du territoire national et 10% de sa population, elle contribue déjà à 28% de la production éolienne nationale.

Selon le Syndicat mixte du SCOT Grand Douaisis (L’observatoire de l’environnement climat No. 2, page 4), « Sur le bâti, il existe un potentiel très important de surfaces pouvant accueillir de l’énergie photovoltaïque sur les toits d’entrepôts, de centres commerciaux et de bâtiments d’activités… Compte tenu des surfaces importantes de toitures recensées et compte tenu des enjeux de limiter l’artificialisation des sols, le développement des installations photovoltaïques sur toitures (résidentielles ou d’activités) est une priorité ».  

Si on repensait le mix énergétique en diminuant de moitié l'objectif éolien pour ne le concentrer que sur des zones déjà industrialisées, de moindre impact sur l'environnement et le cadre de vie, on voit bien qu'il serait tout à fait possible de compenser immédiatement par le photovoltaïque sur toitures ou la rénovation énergétique des logements. Ce rééquilibrage de l’aide publique, qui aujourd’hui favorise essentiellement les industriels éoliens, permettrait notamment aux particuliers d’en tirer directement les bénéfices sans devoir s'endetter à long terme tout en contribuant à l’effort collectif. Aucune énergie verte n’est parfaite sur le plan écologique, mais la solution éolienne est sans doute la pire de toutes…

Le développement de l'éolien, dont tous conviennent qu'il a été conduit de manière anarchique, pourrait dorénavant faire l’objet d’une véritable planification nationale dans le respect des principes suivants :

  • équité entre les territoires,

  • respect des nouveaux engagements européens, nationaux et régionaux en termes d’environnement et de biodiversité (Nouvelle stratégie nationale pour les aires protégées, Nouvelle décision de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) pour la protection des oiseaux sauvages, …),

  • concertation réelle avec les populations locales en amont des engagement pris par les communes.

 

Le projet de Parc éolien de la Sensée sur les communes de Dury, Etaing et Récourt est l’illustration parfaite d’une politique de transition énergétique mal planifiée conduisant à proposer une implantation qui contreviendrait à tous ces principes, au mépris des enjeux paysagers, patrimoniaux, écologiques et environnementaux. Même si des études complémentaires étaient effectuées et que de nouvelles mesures de réduction ou de compensation étaient adoptées, cela ne permettrait pas de résoudre le problème majeur qui est celui de la localisation du parc, toutes éoliennes comprises, dans la mesure ou les principales mesures d’évitement indispensables sont impossibles à mettre en œuvre (couloirs de déplacements de l’avifaune, chiroptères, impacts sur les villages, menhir La pierre du diable de Lécluse, …).

 

Comme le préconise à deux reprises la Mission Régionale d’autorité environnementale des Hauts de France, la seule solution consiste donc à renoncer à ce projet.

Ancre 7
Ancre 9
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